
Deuxième séjour à Niamey. La première fois, j'avais été malade.
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Voilà un bar qui ne
ressemble
pas du tout à ceux qu’on a ici.
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Voilà un kiosque qui ne ressemble pas du tout au kiosque qu'on a ici |
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Ce n'est pas moi qui l'ai prise, on n'a pas le droit d'y aller,
c'est nefertary.unblog.fr
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C'est mon réparateur de vélo, carrefour Maurice Delens. Il ne parle pas beaucoup et pas très bien, mais il est gentil. |
Nous voilà revenus au bercail après, contre toute attente, un voyage tranquille.
Mes vacances avaient commencé par un morceau de chèvre accompagné d’un verre de vin, et se sont terminés exactement de la même façon. Entre les deux ? Une litanie de fromages et desserts, après des apéros longs et copieux.
Le résultat est que j’ai maintenant une ceinture abdominale que je qualifierais de peu esthétique. J’ai plaisir à croire que dans un passé pas si lointain, mon ventre était plat et musclé, bien que les photos diverses me disent clairement le contraire. Je trouve cependant commode de mettre cet amas de chair flasque sur les ravages de la trentaine plutôt que sur mon manque de volonté face à la tentation et face à l’effort.
Un nigérien nous disait l’autre jour que nous n’étions vraiment pas comme eux. Quand ils grossissent, ils trouvent ça bien, ça veut dire qu’ils peuvent se le permettre. Nous, il faut qu’on arrête de manger, qu’on fasse du sport pour maigrir le plus rapidement possible. Manifestement, il ignore tout du régime Dunkan.
Il faut maintenant que je trouve des solutions pour résoudre ce problème de blanc : perdre des kilos. J’envisage les choses comme un guerre qui se mènerait sur plusieurs fronts : manger moins et faire plus de sport, ce qui est la base d’un régime me direz-vous.
Le manger :
- Arrêter le fromage. C’est une des points phares de mes résolutions de rentrée. Le gros avantage, c’est que c’est assez facile de mettre cette solution en place parce qu’on se lasse assez vite de la vache qui rit.
- Boire moins de bière. Là, c’est plus difficile, étant donné que quand il fait 35°, la petite bière est quand même bienvenue. Ma solution : attendre qu’on m’en propose. (Oui, bon, ça n’a l’air de rien dit comme ça, mais ce n’est pas si facile.) Attention, il est interdit de suggérer habilement l’idée d’une bière, c’est se disqualifier immédiatement.
- Manger sainement. Je mets le riz-sauce dans la nourriture saine.
Le sport, question épineuse s’il en est :
- Moi, mon truc, c’est courir. Mais de la même manière qu’il est impossible de refuser une bière quand il fait chaud, il est impossible de courir sérieusement quand il fait chaud. J’avais rencontré l’année dernière un Nigerian qui organisait un footing chaque mercredi matin, avant qu’il fasse chaud. Le problème est que je vais commencer à travailler à 7h30, et je vois mal comment je vais pouvoir caser un footing avant, à moins de courir à 6h00 (argh !). L’autre solution est de courir sur un tapis, il y a une salle de sport pas trop loin de la maison. Mais outre le fait qu’ils aient peint une sportive à tête de zombie sur leur mur (cf. photo), courir dans une salle ne m’enchante guère, sans que je sache si je doive mettre cela sur le compte d’une légitime attente ou d’une fainéantise crasse.
- Le rugby. Il y a plusieurs équipes de rugby, et je connais quelqu’un qui pourrait me rencarder. Le problème est que j’ai déjà pris un verre avec un des rugbymen, et son avant-bras était aussi gros que ma cuisse. J’ai également passé une soirée avec un type qui avait joué l’après-midi même et dont la femme, infirmière de son état, lui avait mis un strap sur la plaie de son front, mais n’avait rien pu faire pour la lèvre gonflée.
- Le volley. Facile et pas cher. Le problème est que ça se passe au lycée, et que j’y passe déjà un temps fou, sans compter que je n’aime pas tellement le volley.
- Le kayak. Va pour le kayak, mais il va falloir être rigoureux. Ça commence mal, la sortie prévue dimanche a été annulée pour cause d’apéro de travail, où malgré tout j’espère qu’on va me proposer une bière.
À Niamey, nous nous déplaçons à vélo, même si la conduite générale ici est anarchique. À un carrefour, on peut voir des feux qui marchent, et d’autres qui ne marchent pas. S’ils marchent, ce n’est pas sûr qu’ils soient très bien respectés, à moins qu’il y ait des policiers qui eux, sont très respectés. Toujours est-ils que il faut oublier les règles habituelles du code de la route et se faire à cette règle beaucoup plus simple : le plus gros a raison, le camion l’emporte sur la voiture, qui l’emporte sur le vélo, qui l’emporte sur le piéton. Le policier et le militaire l’emportent sur tout le monde. Point de règles qui compliquent la vie comme la priorité à droite : c’est la voiture sur l’artère la plus importante qui a la priorité, cela étant laissé à l’appréciation des conducteurs. Bien sûr, cela peut prêter à confusion en cas de différence d’appréciation, mais en cas de problème, je veux dire par là si deux voitures s’engagent en même temps dans le carrefour, la solution est simple : on klaxonne.
Bien sûr, il y a des accidents, parfois dû à l’absence totale de rétroviseurs sur la voiture. Qu’à cela ne tienne, on emporte les blessés et on laisse les véhicules exactement à l’endroit de l’accident afin que la police puisse faire les constations. La vitesse d’arrivée de la police dépend de beaucoup de choses, mais il en est une principale, c’est l’essence. La première chose que doit faire la police une fois qu’on l’a appelée, c’est trouver de l’essence pour mettre dans le réservoir afin qu’ils se déplacent sur les lieux. Ça peut donner lieu à des situations cocasses : un camion accidenté en plein milieu d’un carrefour très dangereux (les feux ne marchent pas) a paradoxalement sécurisé la circulation. Le camion ne laissait le passage que pour une voiture, ce qui fait que tout le monde ralentissait, et mêmes nous, en vélo, pouvions passer en sifflotant. Puis la police est passée, elle a retiré le camion, et le carrefour est redevenu dangereux comme avant.
La nuit, c’est encore plus compliqué parce que l’éclairage public est un peu défaillant : parfois ça marche, parfois non. En plus, les mêmes voitures qui n’ont pas de rétroviseurs n’ont pas forcément non plus de phares. Et c’est pareil pour les motos (je ne parle même pas des vélos). De plus, les gens dehors sont nombreux, et évidemment peuvent traverser la route. Je n’ai jamais conduit la nuit ici, mais un de mes amis a résumé la situation ainsi : “tu te retrouves avec juste tes phares pour t'éclairer, et il y a des gens partout". C’est un peu stressant si tu n’aimes pas tuer des gens avec ta voiture.
Devant le danger de la conduite de nuit, j’ai pris des résolutions fermes. Je me suis fait envoyer par mon père des lampes qui marchent avec des aimants. Vous fixez la lampe sur le cadre, les aimants sur les rayons de la roue, et ça clignote dès que vous roulez sans que vous ayez besoin de mettre des piles. C’est assez cher (une cinquantaine d’euros), mais la sécurité est à ce prix. Je les fixais dimanche sur le vélo de Marie, et le gardien de la maison, intrigué, est venu observer le système. Il m’a demandé si c’était cher. J’ai failli lui donner le prix mais me suis ravisé en notant que le prix des lampes équivalait presque à son salaire, alors même qu’il est payé normalement. J’ai eu quand même un peu honte.
Nous pourrions donc maintenant circuler la nuit en vélo, on est visibles. Dommage que ce ne soit plus possible à cause des barbus.