Deuxième séjour à Niamey. La première fois, j'avais été malade.

samedi 22 novembre 2008

De la médecine (et des ophtalmos)


Je suis allé dernièrement chez un docteur des yeux pour me faire prescrire des lunettes. Je dois dire que j’aime assez aller chez le médecin, même si ça veut dire que je suis malade (la myopie n’est pas à proprement parler une maladie, mais on ne peut pas dire non plus que ce soit un superpouvoir). On choisit pour patienter un magazine que jamais on n’oserait acheter, et qu’on lit sans déplaisir. Ensuite on s’assied devant cet immense bureau, devant ce monsieur ou cette dame que détient lui des superpouvoirs : il a étudié plus longtemps que moi des choses vraiment pas passionnantes pour acquérir le pouvoir de sauver le monde, ou au moins les désagréments gastriques de la vieille dame qui est venu le voir.
Moi je suis content de pouvoir expliquer par le menu tout ce qui m’amène : je me suis préparé, j’ai refait le film chronologique de mes maux, j’ai pesé les mots que je vais employer afin d’être au plus près de la description des ces tiraillements, gratouillements, expectorations, mmh, j’arrête là. Toujours est-il que cet homme ou cette femme va m’écouter, et ce sans le soupir que j’entends parfois à la maison quand je m’entraîne à faire le même exposé.
Toujours est-il que je suis guilleret à ce moment-là et je plaisante volontiers, souhaitant passer un bon moment.
L’ophtalmo, lui, ne veut pas passer un bon moment. Lui ce qu’il veut, c’est expédier le patient. Ce qu’il veut, c’est ne pas devoir sourire à une blague qui ne le fait pas rire. C’est faire une opération ou un diagnostique un peu plus funky que « ah bah voilà, vous avez une myopie de tant à l’œil droit, je vous fais une ordonnance pour des verres. » Ce qu’il veut c’est ne pas s’embêter avec des gens qui n’ont pas fait autant d’études que lui. Ce qu’il veut c’est aussi recevoir un maximum de gens dans la journée. Ce qu’il veut, c’est sortir de cette pièce toute noire et être sur une plage très lumineuse. Ce qu’il voudrait, c’est avoir l’air plus important.
Voilà pourquoi il est désagréable M. l’ophtalmo. Voilà pourquoi il a passé une vingtaine de minutes sans intérêt avec moi. Voilà pourquoi la prochaine fois que je le verrai je ne serai pas guilleret mais au contraire froid, n’essayant pas de rendre agréable un moment qui ne le sera pas. Lundi 1er décembre, je fais la gueule de 18h30 à 18h50.