Deuxième séjour à Niamey. La première fois, j'avais été malade.

lundi 23 février 2009

mot à mot


C’est marrant de voir comment les mots évoluent. Il y a quelques temps, je me baladais avec des écouteurs dans les oreilles. Quelques gamins croisés m’ont dit « oh regardez, il a un baladeur ! », c’est à ce moment précis que m’est apparu la victoire sans partage du mot baladeur. Je me souviens, il n’y a pas si longtemps, si on voulait écouter de la musique dans la rue, on mettait une cassette dans son walkman et hop ! c’était parti, on était superbranché dans la rue avec notre pantalon superserré (c’était l’époque punk si je me souviens bien). Les défenseurs de la langue française* se sont insurgés et ont proposé un autre mot : baladeur. Échec complet, tout le monde s’est obstiné à utiliser walkman, on ne peut aller contre la volonté du peuple. Et voilà t-y pas que 15 ou 20 ans après, le baladeur est remonté du diable-vauvert alors que plus personne n’y croyait, il a donné un bon crochet du droit au menton, un coup de pied renversé à ce pauvre walkman, et l’affaire a été réglée. Ce que je ne sais pas, c’est pourquoi il a ramené avec lui le jean superserré qui lui aurait très bien rester dans les oubliettes de l’histoire, il y était très bien.
Une autre dossier à mettre à l’ordre du jour de la prochaine réunion du club des défenseurs de la langue française, c’est le verbe cleaner. Je me demande ce qui a bien pu passer par la tête du type qui l’a inventé, celui-là. On avait le verbe nettoyer, qui n’était pas mal, qui exprimait bien l’idée de nettoyer justement. Eh bien non, il y a un type qui a voulu être plus-branché-que-moi-tu-meurs, qui s’est dit que c’était difficile d’être mode (j’ai failli écrire fashion), et que nettoyer ça ne faisait pas assez classe, alors il a inventé un néologisme qui ne sert strictement à rien. Je n’invente pas, j’ai entendu plusieurs personnes l’utiliser, et pas forcément des personnes qui se connaissent et qui habitent au même endroit. Ça me rappelle une liste que Léandri a faite dans un tome de son encyclopédie du dérisoire. C’est une listes des mots anglais utilisés en français, mais qui n’existent pas en anglais. Tennisman n’existe pas, c’est tennisplayer. Parking non plus, c’est car park. Camping non plus, c’est je ne sais plus quoi. Enfin bon allez voir, c’est rigolo.
Je finirai par une remarque que je me suis faite dernièrement. Avant, les chaussures de sport étaient appelées tennis, à cause de la popularité du sport du même nom, j’imagine. Et puis, progressivement, on les a appelé basket, pour des raisons que vous chercherez tous seuls. Aucun des deux n’a gagné à ce jour, il me semble. Attendons le moment où le golf s’y mettra.



* Je ne sais pas pourquoi, je m’imagine toujours les « défenseurs de la langue française » comme des vieilles badernes, serrés dans des costumes noirs, voire des uniformes, qui se lamentent sur leurs valeurs morales qui partent à vau-l’eau. Le plus étrange est que je ne trouve pas ce combat inutile, voilà que je me transforme en vieille baderne.

jeudi 5 février 2009


C'est beau les nouvelles technologies, ça permet d'avoir un très grande connecticude avec tout un tas de gens, ce qui permet, j'en suis sûr, de rendre le monde meilleur. Des chercheurs sont connectés et s'échangent des infos superimportantes pour stopper les réchauffement planétaire en deux semaines, des intellectuels qui discutent d'un monde plus juste, des traders qui se demandent si c'est bien raisonnable de gagner tant d'argent, ha non, finalement, pas eux.
Et il y en a d'autres qui, plus modestement, utilisent les nouvelles technologies pour pécho. Je pense qu'avant internet, ils abordaient dans la rue et demandaient à qui appartenait ces beaux yeux, ou si elle ne voudrait pas par hasard prendre un café dans un bar tranquille, ou si elle ne voudrait pas rouler un patin vite fait pour les moins fins. Je ne sais pas si ça marchait, mais j'ai eu une discussion il y a quelques temps à ce sujet, et on est arrivé à la conclusion que oui, ça devait marcher. La première raison est que sinon cette méthode ne serait pas aussi répandue. Vous me direz, l'argument est spécieux, on peut faire quelque chose d'absurde en y croyant à fond, même si on a d'infimes chances de gagner la cagnotte. Je vous répondrais attendez, j'ai pas fini, j'ai LE argument scientifique. Imaginons que sur 20 jeunes filles ou femmes, une seule soit disposé à céder à une invitation courtoise mais néanmoins sans ambiguïté, il suffit à notre dragueur de se faire rembarrer 19 fois pour gagner à la vingtième. Un peu de constance servirait donc notre dragueur.

Ces types-là n'ont pas disparus, ils existent encore, mais ils se sont reconvertis grâce aux nouvelles technologies donc, et spécifiquement par Skype. Je ne me fais pas draguer moi-même, non, mais je travaille dans un bureau où une jeune fille que je connais a eu l'idée saugrenue de renseigner son profil sur Skype, c'est-à-dire de mettre son âge et sa photo. Cette action en apparence anodine a réveillé tous les dragueurs de la région. Il ne se passe par vingt-quatre heures sans que divers copains du dragueur lambda dont nous parlions plus haut essaient différentes tactiques. Ça va du "salut, tu vas bien ?", au "tu as envie de parler ?", en passant par le "tiens, tu habites dans la même ville que moi, c'est fou, non ?" Le plus étrange est que la jeune fille en question a supprimé les informations depuis, et il s'en trouve toujours pour tenter les mêmes attaques. Là où je trouve ça surréaliste, c'est qu'autant je peux comprendre qu'on soit attiré par une inconnue qu'on croise dans la rue, autant j'ai du mal à comprendre qu'on tente de séduire quelqu'un dont on ne connaît ni le visage, ni l'âge, ni le niveau intellectuel, ni l'orientation politique, ni la propension à manger de la choucroute plus que de raison.
Sur ce, je vous laisse, j'essaie de poster plus souvent, mais vous savez ce que c'est, le travail, la vie sociale, les buvages de coups, tout ça. Ah et l'inspiration aussi.