Deuxième séjour à Niamey. La première fois, j'avais été malade.

mercredi 26 décembre 2007

"Au bal, au bal masqué hohé hohé"


Noël, c'est le moment propice pour traverser la France de long en large. Des centaines de kilomètres pour aller manger dans sa région natale un plat avec plein de crème, une bûche à la crème elle aussi, et finir sur un café accompagné d'une boîte entière de chocolats, le tout largement arrosé de vins de toutes les couleurs. Et c'est le cœur et l'estomac lourd qu'on rentre à la maison, parce qu'il faut bien faire partie de cette France qui avance. Or moi, pour avancer cette fois-ci, j'ai pris le train.
Or hier, dans ce train que j'aime, je ne fus pas heureux. Normalement, je me réjouis d'un voyage en train. Je me réjouis dès la commande du billet, que je commande sur internet pour avoir l'impression d'être l'Homme du XXIème siècle. Je me réjouis encore lorsque je retire ce billet à la borne libre-service où j'ai l'impression de dominer ce monde de technologies (oui bon, on a les fantasmes qu'on peut). Je me réjouis de marcher d'un pas rapide en direction de mon quai, ça fait voyageur parce que personne ne sait que je vais à Bar-sur-Seine et non pas à New York. Je me réjouis encore lorsque je m'assieds dans le fauteuil confortable en jaugeant ceux qui vont être mes compagnons de voyage, ils sont anonymes mais je les aime quand même. Et je me réjouis enfin de ces quelques heures où je vais être peinard, à l'écart du monde, où j'aurais le choix entre lire et dormir, une sorte de paradis simple.
Mais hier, on n'était plus proche de l'enfer que du paradis, à cause de ces technologies-même que j'admirais tant quelques lignes plus haut. La technologie, c'est bien quand c'est utilisé avec intelligence et politesse, mais quand il n'y a ni l'une ni l'autre, ça devient insupportable. En ce qui concerne l'intelligence, j'aimerais bien savoir ce qui est passé dans la tête du type qui a décidé qu'on pourrait passer de la musique avec son téléphone portable. On raconte qu'il n'y a pas de prix Nobel de mathématiques parce que Mme Nobel était très amie avec un mathématicien, et que ça énervait beaucoup M. Nobel. Je me demande si ce n'est pas la même chose avec cet homme qui a eu cette idée saugrenue d'installer un mini haut parleur sur un téléphone, en pensant sans doute qu'on interdirait totalement la musique et les musiciens dans quelques années, quel plan machiavélique. En plus, il n'y a aucune merveille de technologie là-dedans, c'est juste un mauvais haut parleur installé sur une machine, aucune prouesse technique à admirer.
J'en arrive à mon deuxième point : la politesse. Comment ne pas penser un seul instant que ça peut déranger quelqu'un de passer du zouk dans un wagon Corail ? Au début, on tend l'oreille, on se dit "non, ils n'ont quand même pas décider d'écouter de la musique ici ?". Si si, ils ont décidé. On prend sur soi cinq minutes ou trente secondes suivant notre capacité à supporter, et puis on énumère les solutions, au nombre de deux : un je me lève et leur demande avec fermeté et politesse de stopper ça tout de suite, c'est courageux et pédagogique, peut-être réfléchiront-ils la prochaine fois ; deux je prends mon sac, mon bouquin et mon blouson et je vais m'installer à côté, c'est égoïste et un rien lâche. J'ai finalement choisi la deuxième solution, et je n'en suis pas fier. Il faudrait que j'apprenne un peu à ouvrir ma gueule de temps en temps.

vendredi 21 décembre 2007

premier jour


Je ne vous ai même pas raconté ma première journée chez les trolls de 3 ans. On m'avait prévenu : "Tu verras, ils sont vivants".
Je me suis dit, t'inquiètes, je fais 1,82 m, donc dans le pire des cas le plus grand m'arrivera au genou. De plus, j'ai mué il y a un certain nombre d'années, à peu près autant d'années qu'il leur faudra pour muer à leur tour, enfin pour ce qui est des garçons. En résumé, j'avais tout misé sur un facteur, un unique facteur imparable : je vais les impressionner.
Ben en fait, ça n'a pas marché, mais alors pas du tout. J'ai mimé la colère noire, celle qui se trouve juste avant la violence physique, et ben "rin à fout'". Tu peux gueuler tant que tu veux, soit je te souris, soit je regarde ailleurs, soit je continue tranquillement à faire ce que je faisais.
Ce que j'avais mésestimé, c'est le nombre. Évidemment, 26 x 80 cm, ça fait plus que 1,80 m. Évidemment, 26 cris de gamins, ça fait plus qu'une seule voix d'adulte, fût-ce une grosse voix qui imite vachement bien la colère. Et le pire, c'est qu'ils ne se concertent même pas, ils font tout dans l'impro, c'est ça leur arme.
J'avais préparé des activités de dingue, qui se finissaient l'une par une reproduction au pastel d'un Picasso qui m'était généreusement offert par l'un d'eux, j'en avais déjà la larme à l'œil quel beau métier, l'autre par une pyramide humaine avec un ou deux saltos si j'avais le temps de leur apprendre. Je n'ai même pas réussi pour la première à les faire rester ensemble à la table plus de 3 minutes (ben oui, le temps que tu rattrapes celui qui s'en va, les autres se sont enfuis, c'était une diversion et je suis tombé dedans), et pour la seconde, à avoir le silence pour prononcer le mot "pyramide". À un moment, ils étaient tous assis dans la salle de sport depuis au moins 20 secondes, et ça commençait à partir de tous les côtés. Je voyais avec angoisse la situation m'échapper rapidement, alors j'ai attrapé un tambourin pour frapper le plus fort possible, faire du bruit, écoutez-moi maintenant, mais ce que je ne savais pas c'est que chez les instits précédentes ce même tambourin était le signal de départ de la course dans tous les sens en criant très fort. Solitude solitude....

vendredi 30 novembre 2007

Non non, je ne suis pas mort, c'est juste que je suis à la fois privé d'ordinateur personnel, ce qui vous prive d'illustration cette fois-ci, et de temps à consacrer à des choses inutiles, ou plutôt des choses qui ne viseraient pas à me réinsérer dans la société à très court terme. J'essaie de reprendre un rythme acceptable dès que possible.
J'ai juste un message personnel à faire passer, alors si vous ne m'avez pas croisé ces trois derniers mois, inutile de lire les deux lignes suivantes : pour vous, amis de la Suède, je tiens à vous dire que ça na pas été facile de vous quitter, et que sous mon apparence sobre et digne mon petit coeur de midinette ne demandait qu'à s'exprimer. Mais bon, je sais me tenir.

vendredi 23 novembre 2007

I'm poor lonesome cowboy


Il semblerait que la première partie de ce blog, à savoir la Suède, soit finie, je prends l'avion samedi pour retrouver mon sol natal. Je n'aime pas tourner les pages mais il faut bien être un peu adulte, j'ai un métier et des responsabilités maintenant.
Je ne sais pas encore ce que je vais faire de ce blog, dédié à l'origine à raconter mon incroyable vie. Sans doute, comme ma vie continue malgré tout vais-je continuer à crier ma révolte devant cette société qui me rejette, la mondialisation, les hommes politiques tous-pourris et la Star Academy, en bref tous ces combats qui me tiennent à cœur.
Peut-être le transformerai-je en critique littéraire et culturelle, nourri au Télérama et à France Inter (oui parce que merde je suis prof, ne l'oublions pas.)
Peut-être le transformerai-je en un blog-roman, onirique et chiant à lire. Oui parce que je ne sais pas si vous avez déjà essayé de lire un long texte sur un écran d'ordinateur, mais au bout de 10 minutes, vous avez les yeux tout rouges et qui piquent.
Ou alors je me transformerai en analyste de la vie politique, et postant un texte toutes les semaines, décryptant telle déclaration, tel débat, telle discussion épineuse, soit en écrivant comme de la dentelle ou bien comme un bon gros buldozzer après un petit blanc au café du coin.
Ou alors j'explorerai mes pensées conscientes et inconscientes, un peu comme une psychanalyse mais publique, parce que je suis sûr que les histoires de sexe intéresserons beaucoup plus de lecteurs.
Ou bien encore je le laisserai agoniser doucement, je ferai ma grosse feignasse, je n'écrirai que rarement, et ça intéressera de moins en moins de lecteurs (déjà que ça n'en intéresse pas beaucoup.)
Bon c'est pas tout ça, mais j'ai des adieux déchirants à faire, moi.

samedi 17 novembre 2007

cliché


La Suède répond enfin à mon désir de cliché. J'attendais avec angoisse le moment où, une fois de retour, on me demanderai t comment c'était, avec les deux questions inévitables qui vont nécessairement arriver en premier, avant même celle sur ce qu'on mange ici (je ne suis pas le seul à âtre amateur de clichés), les deux questions inévitables donc : la Suède est-elle peuplée de blondes, et l'hiver y est-il rude.
Pour la première question, je n'avais pas tellement d'angoisses, puisque j'ai déjà croisé des grandes blondes, je n'aurais qu'à un peu extrapoler et dire qu'à tous les coins de rues on tombe sur une blonde d'un mètre quatre-vingt dix, le mensonge n'est pas si gros et puis ça fait tellement plaisir de confirmer une idée reçue.
En revanche, j'avais des sueurs froides concernant le temps, et je me voyais déjà dire aux "mais siii, des fois il a pas fait beau, il pleuvait au moins toutes les semaines", et puis essayer de ramer en voyant la mine déconfite de mes interlocuteurs. Cela serait d'autant plus dur qu'en voyant mes photos, on remarque bien que le ciel est parfaitement dégagé, que nous ne sommes pas en tee-shirt mais presque, et qu'il ne nous manque que la planche de surf sous le bras. (À ce propos, il faudra que je fasse attention, je n'étais pas en vacances même si mes photos semblent indiquer le contraire, tiens aujourd'hui je vais en prendre de moi en train de travailler, ça fera plus sérieux. ) Et donc je remercie le ciel d'avoir fait tomber la neige une semaine avant notre départ, une bonne grosse couche qui va me permettre de rassurer tout le monde : non la Suède c'est pas comme chez nous, ouf. Et je vais pouvoir gloser pendant des heures d'une voix grave, un sourcil froncé, sur le thème "vous savez, je connais bien la Suède, j'y ai vécu pendant quelques temps, et je peux vous dire que ce n'était pas facile : j'y ai eu froid."



PS : Pourquoi d'ailleurs faut-il qu'on perde toute dignité des lors qu'il y a vingt centimètres de neige ? Déjà on se retrouve inexplicablement joyeux, un sourire aux lèvres, alors que franchement, il n'y a pas de quoi se réjouir : les deux caractéristiques de la neige sont et d'une d'être froide, et de deux d'être mouillée. Ensuite on est harnachés comme des bibendum, certaines même ont des gros blousons rouges ridicules. Et enfin, un instinct primitif nous pousse à nous jeter par terre, puis à jeter les autres, et puis à hurler comme des débiles. J'en suis sûr, c'est la neige qui fait ça. La dernière fois j'ai essayé de me rouler par terre, puis de jeter mes camarades sur le trottoir mouillé, ça n'a fait rire que moi.

dimanche 11 novembre 2007

musique et NTIC


Ici, je n'ai malheureusement qu'un ordinateur vieillissant, qui n'accepte de travailler qu'avec parcimonie. Par exemple, quand je décide de surfer, il faut que je m'arme de patience : il me faut bien cinq minutes montre en main pour allumer l'ordinateur, lancer le navigateur, taper dans google, et cliquer sur le premier lien. C'est à la fois énervant et épuisant, je me maudis moi et les cinq générations suivantes quand par accident je clique à côté de là où je voulais cliquer, et que c'est word qui se lance, ce qui veut dire que j'en ai pour un moment et que je peux aller me faire un café. Ça signifie qu'il me faut oublier les recherches inutiles et compliquées qui sont pourtant ma passion (Sait-on ce qu'il y a sous le bonnet des schtroumpfs ? Qui a composé la musique de la publicité suédoise de la 307 peugeot ? Pourquoi le métal dans un sauna peut brûler la peau, alors qu'il est à température ambiante ? Comment peut-on avoir des chips à l'ancienne, alors que l'invention de la chips est relativement récente ?)
Ça signifie aussi qu'il me faut oublier tout ce qui touche à la musique. Je ne m'étais pas rendu compte avant d'avoir un internet poussif à quel point mon rapport à la musique était dépendant d'internet. Avant, quand j'avais un ordinateur docile, jeune, efficace, beau et poli, je ne pensais pas à l'outil, je naviguais de lien mp3 en lien mp3, tel un papillon au printemps qui volette doucement de fleur en fleur (mais qu'est-ce que je raconte, moi ? Excusez-moi, je me reprends.) Maintenant que j'ai un ordinateur vieux, fatigué, usé et qui me force à être grossier, c'est une autre affaire, et je me résigne le plus souvent à consulter mes mails ou à ne chercher que des choses simplissimes comme l'âge de la mort de Joe Dassein (ndlr : 42 ans, crise cardiaque à Tahiti, ce n'est pas la peine de chercher.) Quant au fouinage dans l'immense discothèque, on oublie, je n'ai ni assez de patience ni de P2P. Bon, j'ai quand même réussi à trouver "Les portes du pénitencier" chanté par Johnny Hallyday en allemand, ne me demandez pas comment j'ai fait, ou alors uniquement si ça vous intéresse vraiment.
Je suis d'autant plus frustré que je n'ai amené ni accordéon ni piano avec moi, à cause du coût prohibitif du kilo supplémentaire lors du pesage de sac à l'aéroport. Non pas que je sois un musicien accompli, mais jouer (faux la plupart du temps) quand j'ai cinq minutes est pour moi une manière d'exprimer mon spleen et ma douleur d'être loin de mon pays, oh yeah. Alors je me suis surpris hier, à rester scotché un quart d'heure sur le blog de kek : les petits boutons des différentes rubriques font une note chacune différente de l'autre, une sorte de clavier simplifié, j'ai déjà vu mieux pour exprimer toute la souffrance humaine.

mardi 6 novembre 2007

Lantmannavägen mon amour


Quand je suis arrivé en Suède, on m'a alloué une chambre dans un immeuble situé à Lantmannavägen, au sud de Trollhättan. Ma première réaction a été de trouver ça beau et exotique, ce grand cube en briques rouges sur fond de ciel bleu. Je me suis baladé dans le quartier, le sourire aux lèvres, en disant bonjour à tout le monde, et on me répondait de même. J'ai admiré la nature, la forêt, les oiseaux, le tout très présent. Je rentrais au beau milieu de la nuit en flânant gentiment. En un mot, j'étais heureux de vivre ces prochains mois dans cet endroit si paisible.
Et puis j'ai eu un doute quand j'ai pu observer les réactions de gens du cru. "Ah, vous vivez à Lantmannavägen... Et vous n'avez pas trop peur ?" Mince, je ne savais pas que je devais avoir peur. Alors pour faire couleur locale, j'ai essayé d'avoir un petit peu peur, de moins dire bonjour, de rentrer vite chez moi la nuit tombée, ce qui n'est pas facile étant donné qu'il fait nuit noire à 17h00. Ça a pas mal marché, j'ai arrêté de laisser ma porte ouverte quand je sortais de mon appartement.
Et puis, mon colocataire, qui comprend le suédois, est allé discuter un jour à la machine à café. On lui a dit : "Tu ne sais pas quoi ?Il y a eu un meurtre à Lantmannavägen il y a deux jours, c'est dans le journal". Là c'était du sérieux. Je n'ai pas réussi à savoir qui, pourquoi ou où exactement, mais il fallait prendre des mesures. J'ai rajouté un verrou et décidé de scruter la page des faits divers : si je vois Lantmannavägen écrit, j'essaierai de comprendre l'article en m'aidant de la photo où je réussirai bien à trouver une flaque de sang.
Et puis, Caroline (Louline) est allé à une soirée sympathique et pas dangereuse puisqu'elle était invité dans un appartement de l'immeuble où elle habite, elle n'avait donc pas à mettre sa vie en péril en sortant. Heureusement d'ailleurs, puisqu'elle a appris à cette même soirée que, paraît-il, il se passe de drôles de choses dans le centre commercial d'à côté, batailles rangées de gangs et cocktails molotov. Alors maintenant, c'est décidé, je ne sors plus. Je suis bien mieux claquemuré chez moi, mieux même qu'à mon arrivée où je disais bonjour au gens sans penser au danger que je courais. Et surtout, surtout, je reste à l'affût de la moindre information qui viendrait confirmer que c'est vraiment horrible de vivre ici.



PS : La photo n'est pas de moi, elle vient de protégez-vous.com.

vendredi 26 octobre 2007

oral, oraux



J'ai passé mercredi soir l'oral de suédois. J'étais fin prêt et m'étais habillé en conséquence puisque la prof a l'habitude de nous demander de nommer les vêtements que l'on porte. Donc ce jour-là, jean et tee-shirt, ça se dit pareil en suédois.
L'oral se passait en classe entière, la prof nous posait quelques questions à tout de rôle : Comment ça va aujourdh'ui ? T'as bien mangé ? À quelle heure tu t'es levé ? Et nous de décrire toute notre journée d'hier par le menu. Enfin toute... disons que généralement on disait qu'on avait mangé des köttbullar avec des spaghetti, et puis éventuellement pour les plus avancés en langue suédoise ce qu'on avait bu avec ça. Sauf pour un des Polonais, qui répondait, d'après ce que j'ai compris, à la question "ta journée d'hier s'est bien passée ?", et qui, emporté par son élan, a décliné toute sa journée, de son jogging du matin à sa soirée télé, en passant par les patates qu'il avaient mangées, combien il était heureux d'être ici, et que si ça ne nous dérangeait pas il voudrait bien parler un peu de la situation géopolitique actuelle qui le préoccupe en ce moment. Voilà comment on ridiculise d'un coup 25 étudiants tout justes capables d'aligner un pronom et un verbe.
Personnellement, j'ai échoué quand elle nous a lu un texte, et puis après est venue nous narguer en nous posant des questions impossibles.
- Alors, Pascal, reumeugneumeugneu ?
- Euh, excusez-moi, kan du repeterar ? (un peu angoissé)
- (en articulant distinctement) Reu-meu-gneu-meu-gneu ?
- (carrément angoissé, c'est pas facile, je vais essayer de répéter pour faire croire que j'ai compris) euh... neuneuneuneune ?
- Non, non : reumeugneumeugneu ?
- (au bord de la crise cardiaque, et dans un silence de mort) ...
- Bon c'est pas grave on va aller torturer quelqu'un d'autre.
- Pfiouuu...

J'ai quand même réussi à l'avoir cet examen, contre toute attente. Maintenant il ne me reste plus qu'à apprendre pour l'écrit les verbes irréguliers du quatrième groupe, qui, je ne sais pas pourquoi, ne veulent pas rentrer.


PS : Peu de chances que je poste cette semaine. Je serai notamment à Stockholm en galante compagnie :-)

dimanche 21 octobre 2007

Lycée de Vänersborg, vendredi, 2h00 pm


Le sujet du jour de mes lycéens : la cuisine française. Avec Anette la professeur de français , qui est accessoirement également professeur d'anglais et d'espagnol, nous avions arrêté nos choix sur un menu complet. La difficulté avait été de trouver des plats typiques, pas chers et faciles à faire, faciles parce que je ne sais pas si vous avez pu observer un spécimen lycéen récemment, mais il est courant que ceux-ci sachent à peine casser des œufs. Dans ces conditions, cuisiner une pièce montée n'était intéressant que si je voulais me moquer à peu de frais.
Nos choix se sont arrêtés sur :
- œuf mimosa,
- gratin dauphinois, accompagné d'haricots verts et de rosbeef,
- brie et camembert, mais sans vin rouge*
- gâteau au chocolat

Les lycéens sont arrivés dans la cuisine par grappes entre 14h00 et 16h00, et j'ai pu laisser libres cours à mes désirs de dictateur, inassouvis jusque-là ; je leur ai donnés des ordres pendant deux heures, un peu comme un adjudant chef :
"- Dis donc, Niels, essaie de prendre plus d'une tranche de pomme de terre quand tu les disposes dans le plat, il y en a 4 kilos et on n'a pas toute la vie non plus.
- Ben Erik, fais pas cette tête, t'as jamais vu d'haricots verts ou quoi ? Si si, tu vas voir, c'est facile à équeuter.
- Oui oui je sais, Hannah, ce n'est pas facile de couper un camembert en 20 parts égales, surtout s'il est coulant."
Pour être honnête, il fallait parfois que je mime en même temps afin d'être sûr de ne pas avoir un gratin trop salé par exemple.
Anette était elle aussi disposée à s'amuser un peu. Toutes les trois minutes, un élève venait lui demander, en suédois bien sûr, s'il fallait faire comme ci ou comme ça. Elle répondait invariablement par "Va demander à Pascal !" Le lycéen alors levait invariablement les yeux au ciel, soupirait, et se dirigeait sans enthousiasme vers moi pour me poser une question dans un français rigolo. Cela dit, j'avais quand même la pression parce qu'il fallait diriger une horde de cuisiniers plus ou moins doués, dans un timing assez serré, et le résultat devait être suffisamment bon pour que l'honneur de mon pays soit sauf.

Finalement l'honneur fut sauf malgré le gratin pas assez cuit, mais je dois avouer que la difficulté principale fut de s'envoyer un repas complet à quatre heures de l'après-midi.



*les conditions pour boire de l'alcool sont assez drastiques ici, si vous voulez en savoir plus, vous pouvez toujours aller voir le post de Louline sur le systembolaget, c'est dans mes liens.

mercredi 17 octobre 2007

Les Suédois sont des feignants


On m'avait dit que les Suédois étaient sérieux et travailleurs, et ben c'est pas vrai, c'est des feignants, ils n'ouvrent même pas leur portes eux-mêmes et préfèrent déleguer. Il suffit d'appuyer sur un bouton pour que la porte s'ouvre mécaniquement, bouton dont vous pouvez voir un exemple sur la photo jointe (le gros bouton gris). La première fois que j'ai été confronté à ce genre de machine, j'avais rendez vous de l'autre côté de la porte à 9h00 précises, et j'avais beau attraper la poignée et tirer de toutes mes forces, le pied contre le mur, rien ne bougeait. Ce n'est qu'après 5 minutes d'effort qu'un autochtone m'a tapé sur l'épaule, a regardé d'un air narquois mes gouttes de sueur et ma face rougeaude mais digne. Il a alors appuyé d'un doigt nonchalant sur le gros bouton à côté de la porte, qui s'est ouverte un peu comme dans Star Trek. Non contents d'être des feignants, ils me ridiculisent en plus.
Bon, à leur décharge, c'est vrai que l'habitude se prend vite : la porte est fermée, je suis fatigué d'avoir tant travaillé (hum hum), hop, une poussée légère sur cette merveille de technologie. J'ai même vu des boutons blindés au lycée, un plaque de métal les recouvre. Après quelques minutes dubitatives puis réflexives, j'en suis arrivé à la conclusion que ce doit être pour calmer l'ardeur des lycéens qui, emportés par toute l'énergie qui caractérise les adolescents, doivent avoir explosé plus d'une fois cette fantastique machine.

vendredi 12 octobre 2007

Frisör


Je ne sais pas vous, mais j'ai de gros problèmes de communication avec les coiffeurs. J'ai beau bien préparer mon texte décrivant soigneusement la coiffure désirée, choisir les mots avec le plus grand soin, l'apprendre par coeur, rien n'y fait. Une fois assis dans le fauteuil moelleux devant la glace, je débite sans faute l'explication préparée, et je vois bien à l'œil vide de la coiffeuse qu'elle n'a absolument rien compris de ce que je viens de lui dire, elle fait le même œil que mes lycéens suédois quand je leur parle. À ce moment-là, généralement, soit la coiffeuse est patiente et essaie de reformuler mon texte si joliment tourné pourtant, ou alors elle s'énerve franchement. La dernière fois, j'ai cru y laisser ma vie, j'étais à deux doigts de me lever et de partir en courant quand j'ai vu qu'elle était furax de passer un quart d'heure à discuter de la quintessence de ma coupe de cheveux, et qu'elle cherchait l'objet le plus proche et le plus contondant, à savoir un sèche-cheveux. Alors évidemment, à la fin, il ne faut pas s'attendre à avoir une coupe aussi belle que celle d'Elton John, j'en ai pris mon parti.
C'est pourquoi j'appréhendais la rencontre avec un coiffeur suédois. Je repoussais sans cesse avec des prétextes fallacieux le moment fatidique, mais j'ai dû me résigner quand je me suis aperçu que je venais de faire le même tic que lorsque j'étais adolescent, celui qui énervait tant ma mère, ce tic qui consiste à avancer la lèvre inférieure et souffler un bon coup en direction du front, ce qui permet de pousser la mèche qui est juste devant les yeux. La mort dans l'âme, j'ai choisi un coiffeur au hasard, et j'ai pris rendez-vous.
Je n'ai même pas appris une liste de vocabulaire, même pas préparé mon texte, même pas révisé le conditionnel et les modaux, un peu comme si je savais que de toutes façons j'en ressortirai ridiculisé. Eh bien figurez-vous que contre toute attente c'est la plus fantastique coiffure que j'ai jamais eue (NB : modérons nos propos, je ne parle que d'une coupe tout ce qu'il y a de plus classique, courte mais pas trop et dégagée sur les oreilles.) Comment cela se fait-ce ? Le coiffeur suédois, d'une amabilité toute suédoise, ne s'est pas énervé. Il a écouté patiemment mon laïus en anglais, puis m'a posé quelques questions : un peu moins long ? Plus dégagé ? Quel temps a t-il fait cet été en France ? Il m'a conseillé comme un vrai professionnel, et je suis ressorti le sourire aux lèvres, la dent brillante et du gel dans les cheveux.
J'ai également une autre explication de cette réussite prouvant la supériorité du coiffeur suédois sur le coiffeur français. En France, je cherche à préciser au maximum, grâce à des images subtilement choisies, du genre "imaginez-moi courant sur la lande déserte, le vent dans les cheveux, éventuellement nu", alors qu'ici, à cause de mon niveau d'anglais, je suis allé au plus simple : sujet-verbe-complément, OK ? Pas de métaphore, pas de poésie, du fon-ctio-nnel.
Pour ceux qui sont intéressés, c'est à côté du Drottningtorget, la rue qui monte, et je vous mets une photo pour que vous le reconnaissiez. C'est cher mais la qualité suédoise est à ce prix.

lundi 8 octobre 2007

Ibsen et Osthøvel


Vous raconterai-je ce week-end à Oslo ? Vous raconterai-je ce train et son contrôleur si affable capable de vous vendre un ticket à l'intérieur du train, grâce à une astucieuse imprimante de la taille d'un téléphone accrochée à sa ceinture, et le tout sans surtaxe, et qui à la fin du voyage passe dans les rangées avec son sac poubelle ? Vous raconterai-je ces tours qui ressemblent à La Défense, qui y ressemblent tellement que je me demande pourquoi je suis venu ici alors qu'on a les mêmes chez nous ? Vous raconterai-je ce si typique petit restaurant mongol qui distribue la carte avec des cases à cocher : épicé, très épicé, pas du tout épicé ? Vous raconterai-je ces pièces de monnaie trouées au milieu, on se demande bien pourquoi, si vous le savez n'hésitez pas à m'en faire part ? Vous raconterai-je la passion manifestement immodérée des Norvégiens pour les statues, en bronze et en pierre, seule au coin de la rue et par groupe de 200, posée à même le sol ou sur un piédestal, figurant des hommes ou des animaux, des tigres ou des chiens, grise ou colorée, enfin bref tout ce qui peut passer par la tête d'un sculpteur qui se demande bien ce qu'il va sculpter parce que ses collègues ont déjà pris toutes les idées ? Vous raconterai-je les innombrables blagues toutes plus idiotes les unes que les autres qu'on peut faire sur la reine ou le roi de Norvège, blagues d'autant plus idiotes qu' on n'est pas exposé soi-même à la moquerie parce qu'on n'a pas de roi ? Vous raconterai-je l'inépuisable sujet de conversation du coût de la vie à Oslo qui vous fait apprécier comme jamais un hamburger ? Vous raconterai-je l'impolitesse délibérée des français qui n'en ont absolument rien à faire que quelqu'un essaie de dormir dans la chambre, surtout s'il est italien, quoi qu'esse t'as, fais gaffe on a un viking et un turque avec nous ? Vous raconterai-je ce soleil magnifique et décevant parce que merde la Norvège c'est pas fait pour bronzer ? Vous raconterai-je ces kilomètres parcourus à pied alors que j'ai une douloureuse tendinite au pied droit, de toutes façons tout le monde s'en fout ? Vous raconterai-je ce pauvre soldat norvégien qui a choisi de porter les armes pour défendre son pays et qui se retrouve devant le palais royal à arpenter durant des heures dix pas en levant les genoux, demi-tour, dix pas, demi-tour, etc. tandis que son collègue qui lui avait choisi l'armée pour le prestige de l'uniforme se retrouve avec un chapeau ridicule sur la tête ? Vous raconterai-je le livre que j'ai tenté de lire dans le train du retour, livre profondément ennuyeux où le personnage, après la sieste, ouvre les yeux pendant dix pages ? Vous raconterai-je la remarque vexante d'Ozan le Turque à qui je racontais cela et qui m'a dit "bah en fait c'est un peu comme un film français" ?
Non finalement, je ne crois pas que je vais vous raconter.

jeudi 4 octobre 2007

Métacognition


Beaucoup m'ont demandé "et l'anglais, ça va ?" Euh oui, l'anglais ça va. Je ne parlerai pas tout de suite du suédois, parce que je ne saurais vraiment pas quoi répondre à "Et le suédois, ça va ?"
Pour être honnête, le premier jour, je me suis retrouvé face à une coordinatrice d'université débordée qui expliquait tout à la vitesse d'une mitraillette. Ce fut l'heure où on regrette d'avoir manqué l'école, et plus particulièrement les cours de langues. Au début, tu fronces les sourcils, tu réactives ces neurones un peu poussiéreux que tu as remisés au fin fond de ton cerveau, tu les époussettes, tu te dis "oh mais ça peut encore servir ça, ils sont presque neufs !" Presque neufs peut-être, mais pas très musclés. Accroché à un radeau à la dérive, j'ai quand même saisi quelques mots tels que "clés", "formulaire", "cours" et autres joyeusetés. Pas de quoi faire une vraie conversation, mais au moins j'avais compris que ça, oui, c'était mon lit, que je pouvais me détendre et arrêter de transpirer d'angoisse parce que j'étais en sécurité ici.

Scientifiquement, c'est extrêmement intéressant d'observer les changements mentaux qui s'opèrent. Je me suis pris comme objet d'étude parce que je n'avais que ça sous la main, et que c'était le spécimen le plus pratique à étudier.
Peu à peu, s'est développée une excroissance dans mon cerveau, excroissance que je ne contrôle absolument pas, et excroissance qui tient absolument à traduire toutes les pensées qui me passent par la tête. Je m'explique : je suis dans ma chambre, et je la compare avec celles des copains : "Tiens, pourquoi j'ai pas le droit d'avoir des étagères dans ma chambre, moi ?" - hop traduction simultanée : "well, why i haven't the right to have...... mince comment qu'on dit 'étagères' déjà..." Ça n'a l'air de rien mais à la longue, c'est épuisant, d'autant plus que je buggue chaque fois que le mot me manque. Si mon cerveau ne trouve pas la traduction, il s'arrête de fonctionner normalement et continue à chercher ad libidum, et il faut rebooter manuellement. Or j'ai deux handicaps :
- celui d'avoir un gouffre, que dis-je un précipice d'ignorance vocabulairesque, malgré le visionnage assidu de "Lost" et autres "Prison Break" (ce que j'en ai malheureusement retenu, c'est des phrases du style "What's wrong with you, Jack ?" et ce n'est pas facile à caser dans la conversation.)
- avoir une mémoire de poisson rouge pour les langues étrangères. Ça ne date pas d'hier, ça a commencé en même temps dès l'apprentissage de l'allemand en 6eme (Montag, Dienstag et après j'ai tout oublié, 12 ans d'efforts pour ce résultat, c'est à pleurer.)
Autant dire que je n'ai pas défroncé les sourcils pendant 2 semaines, je parlais tout seul dans la rue, mais maintenant ça va mieux, je réussis à contrôler un peu plus la machine et malgré tout il y a quand même un peu de vocabulaire qui arrive à passer entre les barbelés de protection mentale.

Quant à la conversation, je vous dirai ce qu'il en est un peu plus tard...

dimanche 30 septembre 2007

roomate


Comme vous les savez peut-être, ou peut-être pas, j'habite ici avec un Nordien prénommé Sakari.
La première fois que je l'ai vu, dans l'entrée de l'appartement, j'ai tenté de faire comme si je n'étais pas du tout impressionné par ses grandes moustaches blondes, son casque à cornes, ses peaux de bêtes et son énorme épée au côté. Réfreignant un mouvement instinctif de bête apeurée, j'ai pris mon courage à deux mains et ai tenté d'être digne de la glorieuse nation dont je suis issu en lui tendant d'un côté un main ouverte en d'amitié, et de l'autre des colifichets censés l'amadouer. Une fois ma main broyée, nous nous sommes pacifiquement assis autour d'une pinte de bière pour faire plus ample connaissance. Fort heureusement, mon colocataire parle d'autres langues que son dialecte natal, et après avoir fait un rapide tour des langues que nous connaissions (pour moi français et un baragouinage d'anglais), nous sommes tombés d'accord pour deviser en anglais car c'est langue la plus civilisée qu'il connaisse.
Il m'a rapidement indiqué qu'il venait de Finlande, pays que je me suis empressé de confondre avec la Norvège sans qu'heureusement je me prenne un bon coup d'épée bien placé (mes connaissances des peuplades indigènes à ce moment-là était peu encore peu développées), et nous avons parlé, des larmes dans la voix de notre sol natal si loin de nous. Il riait fort et me tapait fraternellement dans le dos, sans apparemment noter que j'étais justement en train de boire. Puis nous sommes rapidement arrivés au sujet inévitable dans toute conversation virile : le service militaire. J'ai donc décrit avec force détail tout ce que j'avais virilement enduré lors de mes trois heures dans une caserne avant que l'armée ne me jette dehors pour "hyperanxiété", mais j'ai bien vu dans ses yeux qu'il me prenait pour une lopette. Il m'a alors raconté ses coutumes... Savez-vous qu'en Finlande, lors du service militaire, les bidasses passent le cercle polaire pour s'esbaudir joyeusement dehors, et la nuit, dormir dans une tente ? Je prie le ciel pour ne jamais avoir une guerre contre la Finlande.




(Ndlr pour Maman : rassure-toi, je ne cours aucun danger, Sakari est finalement inoffensif. Pour ne rien te cacher je me suis permis de prendre quelques libertés avec la réalité, il ressemble à un jeune homme parfaitement normal, si on fait abstraction de son impressionnante capacité à engloutir des pizzas.)

dimanche 23 septembre 2007

Quand est-ce qu'on mange ?

Je voudrais ici parler d'une chose qui me tient particulièrement à coeur, et qui j'en suis sûr touchera les fibres sensibles de tous les patriotes qui me lisent, à savoir la bouffe. J'ai pu m'en apercevoir, les Français adorent parler bouffe pendant qu'ils mangent, et comme à l'heure où je vous écris je suis en train de manger un Kex (c'est une gaufrette au chocolat très populaire ici, merci Caro, et très friable également, ce qui fait que d'innombrables morceaux de cette petite gaufrette viennent se loger dans les interstices du clavier de l'ordinateur qu'on m'a prêté, encore merci Caro) manger un Kex disais-je, ce qui me donne l'envie, que dis-je, le besoin d'évoquer avec vous ce qui fait notre fierté nationale et qui nous pousse à considérer les habitants de tous les autres pays sans exception comme des gros nazes. Eh oui, nous pouvons les regarder d'un air narquois du haut de nos boeufs bourguignons, de nos gratins dauphinois, de nos lapins à la bordelaise, de nos lapins en gelée du Nord-Pas-de-Calais (euh non finalement, pas le lapin en gelée, ça c'est pas très bon).
Un brin nationaliste, je me suis mis en tête d'éblouir mon colocataire Finlandais par une farandole de plats typiques et délicieux. Première étape, le supermarché. Ça s'est avéré plus difficile que prévu, parce que les Suédois, ces perfides, ont décidé d'empêcher les bons français de trouver leurs produits en écrivant en suédois sur les paquets. Parfois, il est possible de deviner grâce à une connaissance assez pointue de vocabulaire ("mjölk... ça sonne un peu comme "milk", et ça ressemble pas mal à une brique de lait... je crois que je peux me lancer"). Parfois, il est carrément impossible d'avoir ne serait-ce qu'une toute petite idée ("qu'est-ce que c'est que ces grosses saucisses de plastique de différentes couleurs qui contiennent du liquide apparemment visqueux ? Oh mais il y a une horrible suggestion de présentation..." renseignement pris, c'est une sorte de porridge. Je sens que je ne vais pas essayer ça, mon courage d'aventurier des temps modernes a des limites). Parfois, et c'est encore plus perfide, le produit est caché parmi des milliers d'autres (arrivé au rayon beurre, immense mais rempli de paquets de margarine, je me suis résigné à demander à la première victime qui voudrait bien se présenter. La victime en question était un monsieur perfidement souriant et aimable, même s'il avait du mal à comprendre ce que je disais à cause de mon accent et de son ignorance totale du concept des biscuits bretons). Parfois c'est carrément difficile (le vin par exemple n'est vendu que dans UN magasin, dans le centre-ville). Parfois même, pour nous narguer, c'est écrit en français (la crème fraîche s'appelle "crème fraîche", c'est vicieux).
Mais malgré tous les obstacles qu'on me tend dans ce pays hostile et (bientôt) froid, je réussis à porter haut les couleurs nationales. Je cuisine à tour de bras et ne fais goûter à mon colocataire qu'avec parcimonie les mets délicats que je prépare, il n'avait qu'à pas être scandinave.

mercredi 19 septembre 2007

à la piscine

J'ai acheté une carte de piscine qui me permet d'aller faire trempette dès que je le veux. Aussi hier ai-je donc décidé de lutter contre les inévitables effets qu'a l'excès de Daim*, à savoir les poignets d'amour.
Tout d'abord il faut savoir qu'à la piscine il n'y a pas de cabine mais un vestiaire commun, et que les étapes successives avant d'entrer dans le bassin sont manifestement très codifiées : on se déshabille complètement, on met sa serviette autour des reins le temps d'aller à la douche commune, et ce n'est qu'après qu'on peut mettre son maillot de bains. Je ne suis pas fan de cette façon de faire, mais je ne suis pas chez moi, je m'incline.
D'habitude, quand j'arrive à l'étape "enlevage de caleçon-mettage de serviettes", j'accélère le mouvement. Mais hier, arrivé à cette étape, je me suis aperçu que j'avais malencontreusement laissé ma serviette dans ma salle de bain. Je me suis donc retrouvé dans la position de McGyver cherchant à utiliser tout ce qui se trouve à sa portée pour se sortir de la panade. Qu'avais-je à ma disposition pour me sécher après le bain : l'évaporation naturelle, une vieille serviette qui traîne par terre depuis je ne sais combien de temps, un sèche-cheveux public (le même que celui sur la photo), et du papier dans les toilettes. J'opte pour le sèche-cheveux parce que les vestiaires sont quasi-vides la plupart du temps.
Je me retrouve donc à traverser nu comme un ver la dizaine de mètres qui me sépare des douches, en prenant l'air le plus détaché possible et en sifflotant la Marseillaise pour me donner une contenance.
Après mes quelques poussives longueurs dans la piscine, douche, puis sauna (il se trouve juste à-côté des douches). Or, pour le sauna, il y a aussi des règles à respecter : c'est évidemment nus qu'on le prend, et on pose sa serviette sur le banc avant de s'asseoir. Cette fois-ci, j'ai opté pour le papier distribué dans les toilettes pour se sécher les mains. Mais ce que j'avais oublié, c'est qu'on sue beaucoup dans un sauna, et que le papier mouillé, ça colle. J'ai donc dû, devant les 3 ou 4 suédois qui me regardaient bizarrement, décoller le papier de mes fesses en essayant de faire ça le plus élégamment possible, je suis quand même que je le veuille ou non un des représentants du chic français à l'étranger.
Ce n'est qu'après, en arrivant dans les vestiaires je ne sais pourquoi bondés à ce moment-là, que je me suis rendu compte que l'option séchage intégral avec le sèche-cheveux n'allait pas être possible, à moins d'être prêt à expliquer en anglais ce que je faisais tout nu avec ce sèche cheveux. Je me suis finalement rabattu à nouveau sur le papier des toilettes, de très bonne qualité finalement.





* NB pour ceux qui ne le savaient pas, le Daim est suédois, je le sais parce qu'on les trouve en tête de gondole chez Ikea.

lundi 17 septembre 2007

premier post

Je prends le prétexte fallacieux de mon séjour en Suède pour ouvrir un blog. J'aurais pu prétendre que ce blog n'existe que pour donner de mes nouvelles aux gens qui me connaissent, alors qu'en fait il ne servira qu'à une seule chose, ne parler que de moi, de ce que je pense, de ce qui m'arrive, et s'intéresser à une partie de mon anatomie, mon nombril. Ceci explique le pourquoi de la première partie de son titre.
Quant à la deuxième partie, je tiens à la nuancer quelque peu. J'utilise le mot "voyageur" un peu abusivement, je vous l'accorde, parce qu'il ne s'agit que d'un séjour de trois mois à Trollhättan, et qu'on est bien loin de la traversée interminable de pays hostiles et exotiques. Malgré tout, ce séjour m'a permis de prendre l'avion (c'est du voyage) et de parler pas-français (c'est du voyage aussi). Heureusement, pour supporter l'éloignement de ma patrie, je lis de temps en temps une lettre de Guy Moquet (désolé, c'est pas drôle).
J'espère pouvoir me discipliner suffisamment pour poster régulièrement, mais si jamais ce n'est pas le cas, n'hésitez pas à m'envoyer des mails d'insultes, voire des menaces.

Et comme un blog, c'est plus joli quand il y a des images, voici une photo prise près du supermarché :