Deuxième séjour à Niamey. La première fois, j'avais été malade.

dimanche 30 septembre 2007

roomate


Comme vous les savez peut-être, ou peut-être pas, j'habite ici avec un Nordien prénommé Sakari.
La première fois que je l'ai vu, dans l'entrée de l'appartement, j'ai tenté de faire comme si je n'étais pas du tout impressionné par ses grandes moustaches blondes, son casque à cornes, ses peaux de bêtes et son énorme épée au côté. Réfreignant un mouvement instinctif de bête apeurée, j'ai pris mon courage à deux mains et ai tenté d'être digne de la glorieuse nation dont je suis issu en lui tendant d'un côté un main ouverte en d'amitié, et de l'autre des colifichets censés l'amadouer. Une fois ma main broyée, nous nous sommes pacifiquement assis autour d'une pinte de bière pour faire plus ample connaissance. Fort heureusement, mon colocataire parle d'autres langues que son dialecte natal, et après avoir fait un rapide tour des langues que nous connaissions (pour moi français et un baragouinage d'anglais), nous sommes tombés d'accord pour deviser en anglais car c'est langue la plus civilisée qu'il connaisse.
Il m'a rapidement indiqué qu'il venait de Finlande, pays que je me suis empressé de confondre avec la Norvège sans qu'heureusement je me prenne un bon coup d'épée bien placé (mes connaissances des peuplades indigènes à ce moment-là était peu encore peu développées), et nous avons parlé, des larmes dans la voix de notre sol natal si loin de nous. Il riait fort et me tapait fraternellement dans le dos, sans apparemment noter que j'étais justement en train de boire. Puis nous sommes rapidement arrivés au sujet inévitable dans toute conversation virile : le service militaire. J'ai donc décrit avec force détail tout ce que j'avais virilement enduré lors de mes trois heures dans une caserne avant que l'armée ne me jette dehors pour "hyperanxiété", mais j'ai bien vu dans ses yeux qu'il me prenait pour une lopette. Il m'a alors raconté ses coutumes... Savez-vous qu'en Finlande, lors du service militaire, les bidasses passent le cercle polaire pour s'esbaudir joyeusement dehors, et la nuit, dormir dans une tente ? Je prie le ciel pour ne jamais avoir une guerre contre la Finlande.




(Ndlr pour Maman : rassure-toi, je ne cours aucun danger, Sakari est finalement inoffensif. Pour ne rien te cacher je me suis permis de prendre quelques libertés avec la réalité, il ressemble à un jeune homme parfaitement normal, si on fait abstraction de son impressionnante capacité à engloutir des pizzas.)

dimanche 23 septembre 2007

Quand est-ce qu'on mange ?

Je voudrais ici parler d'une chose qui me tient particulièrement à coeur, et qui j'en suis sûr touchera les fibres sensibles de tous les patriotes qui me lisent, à savoir la bouffe. J'ai pu m'en apercevoir, les Français adorent parler bouffe pendant qu'ils mangent, et comme à l'heure où je vous écris je suis en train de manger un Kex (c'est une gaufrette au chocolat très populaire ici, merci Caro, et très friable également, ce qui fait que d'innombrables morceaux de cette petite gaufrette viennent se loger dans les interstices du clavier de l'ordinateur qu'on m'a prêté, encore merci Caro) manger un Kex disais-je, ce qui me donne l'envie, que dis-je, le besoin d'évoquer avec vous ce qui fait notre fierté nationale et qui nous pousse à considérer les habitants de tous les autres pays sans exception comme des gros nazes. Eh oui, nous pouvons les regarder d'un air narquois du haut de nos boeufs bourguignons, de nos gratins dauphinois, de nos lapins à la bordelaise, de nos lapins en gelée du Nord-Pas-de-Calais (euh non finalement, pas le lapin en gelée, ça c'est pas très bon).
Un brin nationaliste, je me suis mis en tête d'éblouir mon colocataire Finlandais par une farandole de plats typiques et délicieux. Première étape, le supermarché. Ça s'est avéré plus difficile que prévu, parce que les Suédois, ces perfides, ont décidé d'empêcher les bons français de trouver leurs produits en écrivant en suédois sur les paquets. Parfois, il est possible de deviner grâce à une connaissance assez pointue de vocabulaire ("mjölk... ça sonne un peu comme "milk", et ça ressemble pas mal à une brique de lait... je crois que je peux me lancer"). Parfois, il est carrément impossible d'avoir ne serait-ce qu'une toute petite idée ("qu'est-ce que c'est que ces grosses saucisses de plastique de différentes couleurs qui contiennent du liquide apparemment visqueux ? Oh mais il y a une horrible suggestion de présentation..." renseignement pris, c'est une sorte de porridge. Je sens que je ne vais pas essayer ça, mon courage d'aventurier des temps modernes a des limites). Parfois, et c'est encore plus perfide, le produit est caché parmi des milliers d'autres (arrivé au rayon beurre, immense mais rempli de paquets de margarine, je me suis résigné à demander à la première victime qui voudrait bien se présenter. La victime en question était un monsieur perfidement souriant et aimable, même s'il avait du mal à comprendre ce que je disais à cause de mon accent et de son ignorance totale du concept des biscuits bretons). Parfois c'est carrément difficile (le vin par exemple n'est vendu que dans UN magasin, dans le centre-ville). Parfois même, pour nous narguer, c'est écrit en français (la crème fraîche s'appelle "crème fraîche", c'est vicieux).
Mais malgré tous les obstacles qu'on me tend dans ce pays hostile et (bientôt) froid, je réussis à porter haut les couleurs nationales. Je cuisine à tour de bras et ne fais goûter à mon colocataire qu'avec parcimonie les mets délicats que je prépare, il n'avait qu'à pas être scandinave.

mercredi 19 septembre 2007

à la piscine

J'ai acheté une carte de piscine qui me permet d'aller faire trempette dès que je le veux. Aussi hier ai-je donc décidé de lutter contre les inévitables effets qu'a l'excès de Daim*, à savoir les poignets d'amour.
Tout d'abord il faut savoir qu'à la piscine il n'y a pas de cabine mais un vestiaire commun, et que les étapes successives avant d'entrer dans le bassin sont manifestement très codifiées : on se déshabille complètement, on met sa serviette autour des reins le temps d'aller à la douche commune, et ce n'est qu'après qu'on peut mettre son maillot de bains. Je ne suis pas fan de cette façon de faire, mais je ne suis pas chez moi, je m'incline.
D'habitude, quand j'arrive à l'étape "enlevage de caleçon-mettage de serviettes", j'accélère le mouvement. Mais hier, arrivé à cette étape, je me suis aperçu que j'avais malencontreusement laissé ma serviette dans ma salle de bain. Je me suis donc retrouvé dans la position de McGyver cherchant à utiliser tout ce qui se trouve à sa portée pour se sortir de la panade. Qu'avais-je à ma disposition pour me sécher après le bain : l'évaporation naturelle, une vieille serviette qui traîne par terre depuis je ne sais combien de temps, un sèche-cheveux public (le même que celui sur la photo), et du papier dans les toilettes. J'opte pour le sèche-cheveux parce que les vestiaires sont quasi-vides la plupart du temps.
Je me retrouve donc à traverser nu comme un ver la dizaine de mètres qui me sépare des douches, en prenant l'air le plus détaché possible et en sifflotant la Marseillaise pour me donner une contenance.
Après mes quelques poussives longueurs dans la piscine, douche, puis sauna (il se trouve juste à-côté des douches). Or, pour le sauna, il y a aussi des règles à respecter : c'est évidemment nus qu'on le prend, et on pose sa serviette sur le banc avant de s'asseoir. Cette fois-ci, j'ai opté pour le papier distribué dans les toilettes pour se sécher les mains. Mais ce que j'avais oublié, c'est qu'on sue beaucoup dans un sauna, et que le papier mouillé, ça colle. J'ai donc dû, devant les 3 ou 4 suédois qui me regardaient bizarrement, décoller le papier de mes fesses en essayant de faire ça le plus élégamment possible, je suis quand même que je le veuille ou non un des représentants du chic français à l'étranger.
Ce n'est qu'après, en arrivant dans les vestiaires je ne sais pourquoi bondés à ce moment-là, que je me suis rendu compte que l'option séchage intégral avec le sèche-cheveux n'allait pas être possible, à moins d'être prêt à expliquer en anglais ce que je faisais tout nu avec ce sèche cheveux. Je me suis finalement rabattu à nouveau sur le papier des toilettes, de très bonne qualité finalement.





* NB pour ceux qui ne le savaient pas, le Daim est suédois, je le sais parce qu'on les trouve en tête de gondole chez Ikea.

lundi 17 septembre 2007

premier post

Je prends le prétexte fallacieux de mon séjour en Suède pour ouvrir un blog. J'aurais pu prétendre que ce blog n'existe que pour donner de mes nouvelles aux gens qui me connaissent, alors qu'en fait il ne servira qu'à une seule chose, ne parler que de moi, de ce que je pense, de ce qui m'arrive, et s'intéresser à une partie de mon anatomie, mon nombril. Ceci explique le pourquoi de la première partie de son titre.
Quant à la deuxième partie, je tiens à la nuancer quelque peu. J'utilise le mot "voyageur" un peu abusivement, je vous l'accorde, parce qu'il ne s'agit que d'un séjour de trois mois à Trollhättan, et qu'on est bien loin de la traversée interminable de pays hostiles et exotiques. Malgré tout, ce séjour m'a permis de prendre l'avion (c'est du voyage) et de parler pas-français (c'est du voyage aussi). Heureusement, pour supporter l'éloignement de ma patrie, je lis de temps en temps une lettre de Guy Moquet (désolé, c'est pas drôle).
J'espère pouvoir me discipliner suffisamment pour poster régulièrement, mais si jamais ce n'est pas le cas, n'hésitez pas à m'envoyer des mails d'insultes, voire des menaces.

Et comme un blog, c'est plus joli quand il y a des images, voici une photo prise près du supermarché :