Deuxième séjour à Niamey. La première fois, j'avais été malade.

dimanche 25 septembre 2011

Un peu de géopolitique


Ce n'est pas moi qui l'ai prise, on n'a pas le droit d'y aller,
c'est nefertary.unblog.fr

Cette rentrée, riches en événements hexagonaux (le Sénat va-t-il passer à gauche ? Le Centre va-t-il avoir un ou douze candidats ?), on peut se pencher sur l’actualité locale, qui n’est pas mal non plus.
Je fais un petit « Préviously, in Sahara… »

Le Sahara n’est pas du tout vide, comme on le croit parfois. C’est est un haut lieu de trafics en tout genre. Les caravanes existent encore et transportent toutes sortes de denrées légales et illégales, surtout illégales.

La rébellion touareg : pendant de nombreuses années, une guerre se déroulait entre rebelles touareg du MNJ qui demandaient une reconnaissance (et une part du gâteau) et le pouvoir nigérien, qui les considéraient comme des trafiquants armés, avec une répression violente. On accusait en son temps également Khadafi de les soutenir, et donc de les armer. Les Touaregs avaient la maîtrise du terrain, vivant dans une zone aride à cheval sur l’Algérie, le Libye, Le Niger et le Mali.
En 2009, une médiation internationale met fin à la rébellion touareg, les combattant du MNJ sont démobilisés, ils seraient 4000 d’après le mouvement.*

AQMI : parallèlement à cela, se développent deux Katiba, deux groupes de combattants islamiques, se revendiquant d’Al Qaeda. Celles-ci seraient formées d’officiers algériens et de jeunes soldats de toutes les nationalités. Leur mission est d’organiser des attentats dans des pays-cibles comme la France, la Grande Bretagne ou tout autre pays représentant un tant soit peu l’Occident. Eux aussi trafiquent : les cigarettes, les armes, la drogue pendant un temps, jusqu'à ce Abou Zeid, le chef d’une des deux Katiba, prenne ce prétexte pour affaiblir son homologue de l’autre Katiba, Moktar ben Moktar. La drogue, ce n’est pas hallal.
Ils trafiquent également les otages, c’est très lucratif. Cinq Français, un Togolais et un Malgache à Arlit, une tentative avec deux autres otages à Niamey. Suite à la prise d’otages d’Arlit, le MNJ de l’ex rébellion touareg a proposé son concours pour sécuriser la zone. On ne sait pas bien quelle est la porosité entre les Katiba et le ex-combattants du MNJ. La crainte est qu’ils agissent comme des mercenaires. L’armée nigérienne a décidé de faire le travail sans eux : c’est devenu une zone militaire, on surveille les déplacements. C’est difficile, c’est très grand, et le Niger a tout un tas de problèmes à côté, dont celui d’être pauvre.

La Rébellion libyenne : afin de simplifier la situation, c’est la rébellion lybienne qui se rebelle. Les Français et les Anglais les aident, apportent un appui militaire et un armement. D’autres stocks d’armes sont découverts, ça fait tout un stock qu’il va bien falloir écouler. Ouf, on a des gens qui s’y connaissent dans le Sahara, c’est un débouché naturel. Des armes légères, des lourdes, des grenades et toutes ces fantastiques machines modernes sont envoyées dans le désert vers ceux qui voudront bien les acheter.

Khadafi : et puis Khadafi disparaît, on ne sait pas où il est. On sait où est un de ses fils, Saadi, ex-footballeur, il est réfugié au Niger. En effet,  le Niger a accepté de recevoir les ex-Khadafistes.
Ça ne se passe pas super bien entre le CNT et le Niger. Il faut savoir que Khadafi a aidé l’Afrique noire pendant de nombreuses années. Par exemple, quand on va acheter des plantes sur la corniche Yantala, il y a un grand panneau « cette corniche a été construite grâce au Guide lybien ». Il y avait des liens économiques étroits entre Khadafi et le Niger. C’est sans doute pourquoi le CNT des rebelles lybiens accuse le Niger d’avoir soutenu Khadafi, et lui reproche de conserver des biens matériels de Khadafi.
On a entendu parler il y a peu d’un convoi de 200 voitures qui ont traversé la frontière Lybie-Niger. Toutes les spéculations sont faites pour savoir dans quelle voiture était Khadafi. Imaginons qu’il soit passé dans le Sahara, dont la situation n’avait pas besoin de ça pour se compliquer un peu plus.

Khadafi et AQMI : ces deux-là ne sont pas copains. Depuis les années 2000 et la guerre contre le terrorisme, Khadafi, en mal de reconnaissance internationale, a combattu assez durement les Alqaedistes qui étaient sur son sol, et ne leur a pas fait de cadeaux. Cependant, Khadafi et AQMI ont des ennemis communs : les Français et les Anglais.

Khadafi et les autorités nigériennes (et maliennes) : c’est plus compliqué. Khadafi a aidé le Niger et le Mali pendant longtemps. Le Niger a reconnu le CNT, mais pas encore le Mali. Ce qui est sûr, c’est que ça déstabilise fortement la région, qui déjà n’était pas stable. Ajoutons à cela une saison des pluies mauvaise, et des petites récoltes.

Ça fait beaucoup pour une région désertique.


* http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/09/22/97001-20100922FILWWW00672-niger-l-ex-rebellion-touareg-s-exprime.php

dimanche 18 septembre 2011

Dans la peau d’un blanc

C'est mon réparateur de vélo, carrefour
Maurice Delens. Il ne parle pas beaucoup
et pas très bien, mais il est gentil.
Je me faisais la réflexion il y a quelques temps qu’ici ce n’est pas très métissé. Quand vous vous baladez dans les rues en France, vous croisez toutes sortes de couleurs, du type africain au type suédois, en passant par le type pakistanais et chinois. Pour la majorité des gens, je pense, on ne réagit pas en termes de couleurs mais en termes de classes. On catalogue les gens dans des cases « classes populaires », ou « bonne famille » ou je ne sais quoi. La couleur de peau ne nous indique pas la nationalité.
 Ici, on est “le blanc”, l’anasaara. Blanc, on ne peut pas être nigérien, c’est impossible. Je connais quelqu’un, une blanche, qui a la nationalité franco-nigérienne. Elle m’a dit que quand elle va voter, c’est la croix et la bannière, les mecs rigolent et ne veulent pas croire qu’elle est nigérienne. Très souvent, on est interpellé : « hé, le blanc », « hé, anasaara ». Notre couleur a réellement une importance, qu’on le veuille ou non on porte sur nous notre statut social élevé. Les blancs qui viennent ici sont des gens plutôt aisés et éduqués. Les seuls blancs qui sont ici sont riches, et c’est vrai comparé au statut moyen ici. De plus, ces blancs ne font souvent que passer un an, deux ans, trois ans. En France, nous gommons les différences de couleur de peau, une remarque à ce sujet peut être mal prise, il ne nous viendrait pas à l’idée d’interpeller quelqu’un en disant : « hé, le noir ! ». Ici, tu es le blanc, c’est comme ça qu’on t’appelle, peut importe que tu sois instit, militaire, commercial, curé. 

samedi 3 septembre 2011

bonnes résolutions de rentrée, dont celle d'écrire plus


Nous voilà revenus au bercail après, contre toute attente, un voyage tranquille.
Mes vacances avaient commencé par un morceau de chèvre accompagné d’un verre de vin, et se sont terminés exactement de la même façon. Entre les deux ? Une litanie de fromages et desserts, après des apéros longs et copieux.
Le résultat est que j’ai maintenant une ceinture abdominale que je qualifierais de peu esthétique. J’ai plaisir à croire que dans un passé pas si lointain, mon ventre était plat et musclé, bien que les photos diverses me disent clairement le contraire. Je trouve cependant commode de mettre cet amas de chair flasque sur les ravages de la trentaine plutôt que sur mon manque de volonté face à la tentation et face à l’effort.
Un nigérien nous disait l’autre jour que nous n’étions vraiment pas comme eux. Quand ils grossissent, ils trouvent ça bien, ça veut dire qu’ils peuvent se le permettre. Nous, il faut qu’on arrête de manger, qu’on fasse du sport pour maigrir le plus rapidement possible. Manifestement, il ignore tout du régime Dunkan.
Il faut maintenant que je trouve des solutions pour résoudre ce problème de blanc : perdre des kilos. J’envisage les choses comme un guerre qui se mènerait sur plusieurs fronts : manger moins et faire plus de sport, ce qui est la base d’un régime me direz-vous.
Le manger :
- Arrêter le fromage. C’est une des points phares de mes résolutions de rentrée. Le gros avantage, c’est que c’est assez facile de mettre cette solution en place parce qu’on se lasse assez vite de la vache qui rit.
- Boire moins de bière. Là, c’est plus difficile, étant donné que quand il fait 35°, la petite bière est quand même bienvenue. Ma solution : attendre qu’on m’en propose. (Oui, bon, ça n’a l’air de rien dit comme ça, mais ce n’est pas si facile.) Attention, il est interdit de suggérer habilement l’idée d’une bière, c’est se disqualifier immédiatement.
- Manger sainement. Je mets le riz-sauce dans la nourriture saine.

Le sport, question épineuse s’il en est :
- Moi, mon truc, c’est courir. Mais de la même manière qu’il est impossible de refuser une bière quand il fait chaud, il est impossible de courir sérieusement quand il fait chaud. J’avais rencontré l’année dernière un Nigerian qui organisait un footing chaque mercredi matin, avant qu’il fasse chaud. Le problème est que je vais commencer à travailler à 7h30, et je vois mal comment je vais pouvoir caser un footing avant, à moins de courir à 6h00 (argh !). L’autre solution est de courir sur un tapis, il y a une salle de sport pas trop loin de la maison. Mais outre le fait qu’ils aient peint une sportive à tête de zombie sur leur mur (cf. photo), courir dans une salle ne m’enchante guère, sans que je sache si je doive mettre cela sur le compte d’une légitime attente ou d’une fainéantise crasse.
- Le rugby. Il y a plusieurs équipes de rugby, et je connais quelqu’un qui pourrait me rencarder. Le problème est que j’ai déjà pris un verre avec un des rugbymen, et son avant-bras était aussi gros que ma cuisse. J’ai également passé une soirée avec un type qui avait joué l’après-midi même et dont la femme, infirmière de son état, lui avait mis un strap sur la plaie de son front, mais n’avait rien pu faire pour la lèvre gonflée.
- Le volley. Facile et pas cher. Le problème est que ça se passe au lycée, et que j’y passe déjà un temps fou, sans compter que je n’aime pas tellement le volley.
- Le kayak. Va pour le kayak, mais il va falloir être rigoureux. Ça commence mal, la sortie prévue dimanche a été annulée pour cause d’apéro de travail, où malgré tout j’espère qu’on va me proposer une bière.