Deuxième séjour à Niamey. La première fois, j'avais été malade.

lundi 27 septembre 2010

Walaï, il fait chaud


C’est régulièrement qu’on se dit “la vache, il fait chaud”, ou “dis-donc, il fait chaud” ou d’autres interjections plus ou moins vulgaires suivi de “il fait chaud”. Pour ceux qui voudraient avoir une petite idée, c’est comme une canicule qui dure tout le temps. En clair, le matin, on est content d’avoir une douche froide, à midi, on regrette le matin, et la nuit, on attend la douche du matin.

Pour lutter, plusieurs stratégies. Au travail, nous avons la climatisation dans la classe. En effet, quand vous écrivez, vous posez votre avant-bras sur le cahier, et s’il est gorgé de sueur, ça colle. Le problème de la climatisation, c’est que quand vous sortez, vous sentez avec plus d’acuité le choc thermique qui se traduit par un “oufff” entre l’étonnement sans cesse renouvelé et le découragement.

On peut lutter également avec un ventilateur qui a l’avantage de consommer peu d’énergie, mais le désavantage de faire un bruit du style “chouff-chouff-chouff” et de faire du vent. En clair, quand vous dormez, ce n’est pas mal parce que le bruit lancinant n’empêche pas de vous assoupir. En revanche quand vous travaillez, les feuilles s’envolent, et quand vous regardez un film c’est carrément désagréable.

Une autre stratégie, c’est de transpirer abondamment (c’est celle que j’ai adoptée). C’est assez efficace. En clair, il est 7h15, vous prenez votre petit-déjeuner chez le vendeur du trottoir, et votre dos commence à être humide, suivi immédiatement de votre front. Vos cheveux s’imprègnent assez vite, des gouttes perlent et tombent. C’est parti pour des heures de dégoulinage. L’autre jour, à 14 heures, on m’a demandé : “Tu as pris une douche ?” Ben non, pourquoi ?

Du coup, je fais des découvertes assez intéressantes sur mon système sudoripare, poussé dans des limites sans cesse dépassées. L’autre jour, vers 11h30, c’était sport sur le terrain de handball. Par solidarité, je suis resté au soleil avec les gamins, parce que rien n’est plus désagréable que de courir pendant que l’entraîneur/prof de sport vous crie de vous dépêcher ‘spèce de feignasse, bien assis sur sa chaise ou à l’abri dans sa cabane. Au bout de 20 minutes, j’avais une bande non pas humide mais trempée de la base du crâne jusqu’aux mollets. C’était tout juste si je ne faisais pas “schplouf schplouf” en marchant.

La sueur est à mon avis la méthode la plus efficace, mais comme toutes les autres méthodes, elle a un inconvénient, celui de ne pas être classe. J’en ai pris mon parti. Pas classe, mais digne.

lundi 20 septembre 2010

Home sweet home


Quand nous avons voulu nous loger, nous avons fait appel à un démarcheur. Un démarcheur, c’est une sorte d’agent immobilier sans agence mais avec un numéro de téléphone qu’on obtient en discutant avec les gens. Ce démarcheur, une fois renseigné sur notre budget vous fait visiter des maisons en rapport avec vos demandes s’il est sérieux, et totalement en inadéquation avec ce que vous aviez demandé si c’est un bricoleur. Le problème est que le démarcheur est payé un tiers de loyer, il a donc intérêt à vous louer une maison la plus chère possible, ce qui explique que la catégorie socioprofessionnele supérieure à laquelle nous appartenons depuis que nous avons posé le pied au Niger est particulièrement convoitée. Ce qui fait aussi qu’il faut apprendre à dire non quand on envisage de vous faire visiter cette très belle villa avec piscine tout à fait hors de prix, même si vous ne voulez pas vexer votre démarcheur.

C’est lors de ces visites qu’on voit le fossé entre nous-même et le démarcheur. Nous regardons si les ventilateurs marchent, nous ouvrons les robinets pour voir si ça coule, nous essayons d’allumer un peu partout, nous sommes prosaïques. Le démarcheur, lui, vante ces grands espaces (oui mais comment veut-il qu’on meuble une pièce de 60 m2 ?), tous ces beaux grands meubles massifs fournis avec la maison (oui, mais 2 canapés et 9 fauteuils pour une seule maison, c’est pas un peu beaucoup ? Et deux armoires et un vaisselier dans le salon, est-ce vraiment nécessaire ?), ce frigo qui refroidit si bien, preuve à l’appui : ils ont mis cette bouteille dans le frigo et maintenant elle est froide !*

Vous avez beaucoup de questions, mais vous avez du mal à comprendre les réponses sans savoir s’il s’agit du fossé culturel ou de l’arnaque pure et simple. Cependant, comme vous n’êtes pas paranoïaque, vous optez pour la première des solutions.

Nous avons bien fait puisque nous voilà locataire d’une maison meublée (sans piscine pour ceux qui se demandaient) à Yantala-haut. Oh bien sûr, il y a quelques détails sans gravité : le propriétaire qui se trouve être le sosie de Mike Tyson se fait un peu tirer l’oreille lorsqu’il y a une petite réparation (j’appréhende quand je vais lui présenter la facture); le néon qui clignotait avant le passage de l’électricien s’allume maintenant en à peine 5 minutes montre en main (sic); les interrupteurs sont placés à des endroits défiant la logique. Mais aujourd’hui nous avons travaillé et mangé sous un arbre dans le petit jardin, le gardien compense sa méconnaissance du français par une grande efficacité, nous n’aurons pas à courir partout pour ramener lits, gazinières et autres meubles, et surtout nous sommes enfin chez nous.

*Tout cela est rigoureusement authentique.

mardi 7 septembre 2010

Pour ceux qui ne savaient pas

Figurez-vous que je suis parti à Niamey, accompagnée de ma promise, et ce pour un an.

De la nécessité de se séparer de ses biens matériels


Tous les ermites vous le diront, la sagesse s’atteint en se séparant de ses biens matériels. Voyager implique de rechercher la sagesse malgré vous, et même souvent à votre corps défendant.
Ce long processus menant vers la sagesse ultime a commencé pour moi lorsqu’il a fallu déménager : que faire de cette magnifique lampe de chevet rose de style grec antique ? On décide de la vendre, cela va nous débarrasser et en plus nous renflouer. Les lecteurs tatillons me feront remarquer que vendre ses affaires contre de l’argent n’est pas tout à fait se séparer de ses biens matériels. Heureusement que la Providence est là, elle a permis que seul Emmaüs se porte acquéreur de nos affaires, ce qui m’ a permis d’être un peu plus sage.

La deuxième étape est celle la préparation des bagages. La Providence a pris cette fois deux forme : la première est celle de la compagnie aérienne qui limite les biens matériel, la deuxième forme est celle de ta force musculaire (cette deuxième forme étant beaucoup plus persuasive). On choisit donc d’être un peu plus sage au compte-goutte. On n’aura peut-être pas besoin de cette belle chemise et puis après tout, un après-rasage, ce n’est pas si utile, on essaiera de rester stoïque lorsque le visage nous brûlera.

La troisième étape vers la sagesse ultime a pris la forme d’un tapis roulant à l’aéroport de Niamey, un tapis roulant qui tourne interminablement avec quatre pauvres bagages que personne ne veut prendre, et dans ces quatre bagages il n’y a pas celui que tu aurais bien voulu voir sur ce tapis. Allons, on a bien vu que tu avais du mal à te séparer de tous ces biens, alors le bagagiste d’Alger a choisi pour toi. Ne t’en fais pas, ce n’est pas celui qui contenait tes caleçons plutôt faciles à remplacer, c’est l’autre bagage, celui qui contenait ton nécessaire pour travailler. Tous ces gens accédant à la sagesse dans le bureau des « litiges bagages », qui remplissaient le formulaire devant l’employée nonchalante, ça m’a fait chaud au cœur, quand même.