Deuxième séjour à Niamey. La première fois, j'avais été malade.

mercredi 26 décembre 2007

"Au bal, au bal masqué hohé hohé"


Noël, c'est le moment propice pour traverser la France de long en large. Des centaines de kilomètres pour aller manger dans sa région natale un plat avec plein de crème, une bûche à la crème elle aussi, et finir sur un café accompagné d'une boîte entière de chocolats, le tout largement arrosé de vins de toutes les couleurs. Et c'est le cœur et l'estomac lourd qu'on rentre à la maison, parce qu'il faut bien faire partie de cette France qui avance. Or moi, pour avancer cette fois-ci, j'ai pris le train.
Or hier, dans ce train que j'aime, je ne fus pas heureux. Normalement, je me réjouis d'un voyage en train. Je me réjouis dès la commande du billet, que je commande sur internet pour avoir l'impression d'être l'Homme du XXIème siècle. Je me réjouis encore lorsque je retire ce billet à la borne libre-service où j'ai l'impression de dominer ce monde de technologies (oui bon, on a les fantasmes qu'on peut). Je me réjouis de marcher d'un pas rapide en direction de mon quai, ça fait voyageur parce que personne ne sait que je vais à Bar-sur-Seine et non pas à New York. Je me réjouis encore lorsque je m'assieds dans le fauteuil confortable en jaugeant ceux qui vont être mes compagnons de voyage, ils sont anonymes mais je les aime quand même. Et je me réjouis enfin de ces quelques heures où je vais être peinard, à l'écart du monde, où j'aurais le choix entre lire et dormir, une sorte de paradis simple.
Mais hier, on n'était plus proche de l'enfer que du paradis, à cause de ces technologies-même que j'admirais tant quelques lignes plus haut. La technologie, c'est bien quand c'est utilisé avec intelligence et politesse, mais quand il n'y a ni l'une ni l'autre, ça devient insupportable. En ce qui concerne l'intelligence, j'aimerais bien savoir ce qui est passé dans la tête du type qui a décidé qu'on pourrait passer de la musique avec son téléphone portable. On raconte qu'il n'y a pas de prix Nobel de mathématiques parce que Mme Nobel était très amie avec un mathématicien, et que ça énervait beaucoup M. Nobel. Je me demande si ce n'est pas la même chose avec cet homme qui a eu cette idée saugrenue d'installer un mini haut parleur sur un téléphone, en pensant sans doute qu'on interdirait totalement la musique et les musiciens dans quelques années, quel plan machiavélique. En plus, il n'y a aucune merveille de technologie là-dedans, c'est juste un mauvais haut parleur installé sur une machine, aucune prouesse technique à admirer.
J'en arrive à mon deuxième point : la politesse. Comment ne pas penser un seul instant que ça peut déranger quelqu'un de passer du zouk dans un wagon Corail ? Au début, on tend l'oreille, on se dit "non, ils n'ont quand même pas décider d'écouter de la musique ici ?". Si si, ils ont décidé. On prend sur soi cinq minutes ou trente secondes suivant notre capacité à supporter, et puis on énumère les solutions, au nombre de deux : un je me lève et leur demande avec fermeté et politesse de stopper ça tout de suite, c'est courageux et pédagogique, peut-être réfléchiront-ils la prochaine fois ; deux je prends mon sac, mon bouquin et mon blouson et je vais m'installer à côté, c'est égoïste et un rien lâche. J'ai finalement choisi la deuxième solution, et je n'en suis pas fier. Il faudrait que j'apprenne un peu à ouvrir ma gueule de temps en temps.

vendredi 21 décembre 2007

premier jour


Je ne vous ai même pas raconté ma première journée chez les trolls de 3 ans. On m'avait prévenu : "Tu verras, ils sont vivants".
Je me suis dit, t'inquiètes, je fais 1,82 m, donc dans le pire des cas le plus grand m'arrivera au genou. De plus, j'ai mué il y a un certain nombre d'années, à peu près autant d'années qu'il leur faudra pour muer à leur tour, enfin pour ce qui est des garçons. En résumé, j'avais tout misé sur un facteur, un unique facteur imparable : je vais les impressionner.
Ben en fait, ça n'a pas marché, mais alors pas du tout. J'ai mimé la colère noire, celle qui se trouve juste avant la violence physique, et ben "rin à fout'". Tu peux gueuler tant que tu veux, soit je te souris, soit je regarde ailleurs, soit je continue tranquillement à faire ce que je faisais.
Ce que j'avais mésestimé, c'est le nombre. Évidemment, 26 x 80 cm, ça fait plus que 1,80 m. Évidemment, 26 cris de gamins, ça fait plus qu'une seule voix d'adulte, fût-ce une grosse voix qui imite vachement bien la colère. Et le pire, c'est qu'ils ne se concertent même pas, ils font tout dans l'impro, c'est ça leur arme.
J'avais préparé des activités de dingue, qui se finissaient l'une par une reproduction au pastel d'un Picasso qui m'était généreusement offert par l'un d'eux, j'en avais déjà la larme à l'œil quel beau métier, l'autre par une pyramide humaine avec un ou deux saltos si j'avais le temps de leur apprendre. Je n'ai même pas réussi pour la première à les faire rester ensemble à la table plus de 3 minutes (ben oui, le temps que tu rattrapes celui qui s'en va, les autres se sont enfuis, c'était une diversion et je suis tombé dedans), et pour la seconde, à avoir le silence pour prononcer le mot "pyramide". À un moment, ils étaient tous assis dans la salle de sport depuis au moins 20 secondes, et ça commençait à partir de tous les côtés. Je voyais avec angoisse la situation m'échapper rapidement, alors j'ai attrapé un tambourin pour frapper le plus fort possible, faire du bruit, écoutez-moi maintenant, mais ce que je ne savais pas c'est que chez les instits précédentes ce même tambourin était le signal de départ de la course dans tous les sens en criant très fort. Solitude solitude....