Deuxième séjour à Niamey. La première fois, j'avais été malade.

mercredi 22 février 2012

enterrement


Dimanche dernier, je suis allé à un enterrement. Le mari (que je ne connaissais pas) d'une collègue était malade, il est mort. Nous avons appris qu'il était enterré à 15 heures, nous avons décidé d'y aller.
La difficulté d'aller à un enterrement alors que vous ne connaissez pas vraiment les rites, c'est qu'on a peur de commettre un impair. J'ai appelé une copine, j'ai appris que les hommes allaient au convoi, et les femmes, à la veillée. Marie ira donc à la veillée, et moi au convoi.
J'ai choisi classiquement une chemise noire, comme les trois amis qui m'accompagnaient. Peu habitués eux aussi aux enterrements, un doute nous traverse : la couleur du deuil, dans l'islam, n'est-ce pas le blanc ? De toutes façons, il est trop tard.
Nous arrivons à la morgue, il y a toutes les tenues, nous passons inaperçus. Nous faisons nos condoléances aux deux fils un peu hébétés. Après 5 minutes d'attente, le corps emballé dans une natte est sorti et posé à même le carrelage, dans la cour, devant l'assemblée. Les hommes s'alignent, je m'écarte ne sachant si c'est le moment de la prière. Ils ne s'agenouillent pas, heureusement pour deux de nos amis non-musulmans qui n'avaient pas pris les même précautions que moi.
Deux minutes plus tard, on charge le corps dans un pick-up, sur le sol, à l'arrière, des hommes s'asseyent sur le rebord. Nous prenons la voiture à la suite, en convoi, direction le cimetière musulman, à une allure relativement soutenue (les convois que j'aie pu voir de l'extérieur allaient moins vite). Le cimetière musulman, c'est une grande étendue plate, avec des tombes creusées dans le sable, souvent un morceau de bois planté dans le monticule. Le corps est posé dans le trou, entouré des quelques 200 hommes, les fils au milieu de l'assemblée comme n'importe quels quidams. Un courte prière, voilà le corps enterré, cela a duré 30 minutes à tout casser.
Direction le domicile, une grande tente louée accueille l'assemblée, où une autre prière est dite. C'est fini. Une fois les renseignements pris, nous pouvons présenter nos condoléances à la femme et à la fille qui sont restées à la maison. 
À l'intérieur, la différence d'atmosphère est prégnante. Du côté des hommes, l'ambiance était grave mais animée, l'enterrement paraissait comme une étape. À l'intérieur, on sent le chagrin. Malgré les quelques 50 femmes assises à même le sol, le silence règne.

C'est étrange, chez nous, une femme, une fille n'assistant pas à l'enterrement de son mari ou père choquerait. Ici, c'est l'inverse. Je me suis même laissé dire que quand une femme est enterrée, ce sont les hommes qui forment l'assemblée.