Deuxième séjour à Niamey. La première fois, j'avais été malade.

mercredi 19 octobre 2011

La night


Voilà un bar qui ne ressemble
 pas du tout à ceux qu’on a ici.

À Château 1 s’est ouvert il y a peu un bar restaurant qui s’appelle « Le Maestro ». C’est un endroit qui se veut d’un certain standing et qui ne rentrarait pas dans la catégorie des maquis. Le maquis sert à boire dans une cour à ciel ouvert, quelquefois des brochettes avec des frites, on peut y entendre de la musique plus ou moins forte, on peut y regarder la télé tout en écoutant la musique trop forte, enfin disons que c’est le pendant du bar PMU chez nous.
Le Maestro n’est pas à ciel ouvert, c’est un endroit fermé. Il a une enseigne lumineuse, et deux gardiens à l’entrée qui font office de videurs afin de préserver le standing du lieu. On ne peut par exemple pas entrer chaussé de tapettes (on appelle ici « tapettes » les tongs, celles qu’on appelait il n’y a pas si longtemps des claquettes, nom qui a quasi disparu aujourd’hui pour une raison inexpliquée. Moi, si on m’avait demandé, j’aurais hésité aussi à appeler ça les « frottettes » étant donné le nombre de gens qui marchent sans lever les pieds.)
Justement, ce soir-là, Mamane, guide nigérien de son état veut entrer au Maestro. Chaussé de tapettes, on l’arrête. Mais les gardiens ne mettent pas longtemps à voir que Mamane n’est pas seul, il est accompagné d’un groupe de touristes (des blancs) chaussés eux aussi de tapettes.
Voilà les gardiens bien embêtés et devant un dilemme cornélien : soit ils refusent l’entrée à des blancs, ce serait la première fois et l’un des deux ne peut s’y résoudre, soit ils laissent rentrer tout le monde en tapettes, y compris Mamane, et cela l’autre gardien ne peut l’accepter (quelque chose me dit que c’est surtout Mamane en tapettes qui les gênaient). Ils palabrent pendant quelques minutes en zharma, chacun faisant valoir ses arguments « Attends, on ne peut quand même pas refuser l’entrée à des blancs, ce sont eux après tout qui consomment » , «  oui mais des tapettes, ça n’est pas possible, la règle c’est la règle ! » Mamane a attendu ces quelques minutes, jusqu’à leur dire que pour boire un verre, ils iraient autre part.
Ça me rappelle les boîtes de nuit françaises.

dimanche 9 octobre 2011

journal, journaux


Voilà un kiosque qui ne ressemble pas du tout
au kiosque qu'on a ici

Quand je suis revenu cet été, je me suis jeté comme un lion affamé sur les journaux. En prévision de mes trajets, j’ai acheté trois journaux et cinq magazines histoire de combler le manque de l’année. Manque, d’abord parce que je n’ai pas de trajets en train ici, pour cause d’absence de trains (je lis les journaux quasi exclusivement dans le train, ou aux toilettes). Alors, je lis les quotidiens sur internet. Mais ça ne remplace pas le papier.
À Château 1, il y a un kiosque qui vend une dizaine de journaux, et il y a le Canard enchaîné pas trop vieux, et son pendant nigérien, le Canard déchainé. J’en profite pour acheter quelque journaux nigériens, qui coûtent 300 FCFA, pour 8 à 16 pages. Il faut savoir que la liberté de la presse est assez grande ici. Je ne sais plus qui me disait qu’il y a peu, un journaliste s’était lâché sur je ne sais plus quel homme politique. Il s’est fait arrêter, mais il n’a pas fallu longtemps pour qu’il se fasse libérer avec les excuses du Premier Ministre. Je n’ai pas eu la confirmation de la véracité de cette anecdote, mais ça correspond en tout cas à l’impression que j’ai en lisant la presse : les articles peuvent critiquer les autorités.
Il est clair cependant que ce n’est pas comme chez nous. J’ai par exemple vu l’année dernière en Une le discours intégral du chef de l’état avec une photo en grand uniforme, ce que même le Figaro, je pense, ne ferait pas. Le style est également très différent, il est très cérémonieux, et on ne dit pas « Issoufou » comme nous on dirait « Sarkozy », on dit « Son excellence le chef de l’État Mahamadou Issoufou », on fait des tournures de phrases parfois alambiquées, parfois même suffisamment complexes pour qu’on cherche le sujet. Les thèmes traités sont également différents : nous avons droit à de longs compte-rendus de réunions de comité pour le droits des femmes, l’accès à l’énergie, la justice avec une photo de gens alignés comme à la parade derrière des tables (ils font des discours).
La prochaine fois, je vous parlerai de ces longs compte-rendus, mais à la télé.