Deuxième séjour à Niamey. La première fois, j'avais été malade.

dimanche 4 décembre 2011

Toujours un succès


La semaine dernière, nous avions réception à l'ambassade. L'année dernière, c'est arrivé plusieurs fois : on avait une affiche dans la salle des profs, tel jour telle heure à la résidence de France, les conjoints sont conviés. La résidence de France donne sur le fleuve, on a une belle vue. Il y a un buffet ou on peut boire un verre (pas de champagne quand même, c'est plutôt jus, Conjoncture ou pastis), et après le discours de l'ambassadeur, on a les petits fours (pas du caviar, c'est plutôt morceaux de pizza, pour ceux qui fantasment sur les réceptions de l'ambassadeur). Un bonne partie de la communauté française est là, et même des événements difficiles comme les enlèvements ne nous enlèvent pas notre appétit.

Cette année, changement d'ambassadeur, changement de style. La réception n'est pas au début de l'année, il faut patienter. Cet ambassadeur est plus formel : c'est sur invitation numérotée. Il y a même un numéro après un énigmatique "RSVP". Renseignement pris, ça veut dire "Regrets s'il vous plaît", ce qui signifie qu'il faut appeler si on ne vient pas. Ça tend un peu les invités : y aura-t-il un appel ? Les invités sont dans l'attente, essayant de jauger le nouveau patron : est-il collet monté ou saucisse frites ? Qui est invité, et surtout qui ne l'est pas ? Va-t-on se faire remonter les bretelles parce qu'on ne respecte pas à la lettre les consignes de sécurité, voire qu'on les transgressent allègrement ? Les rumeurs courent, il aurait dit "s'ils ne veulent pas comprendre, je vais faire un exemple". Il aurait été consul en Algérie, chargé des charters de retour, un homme bien peu sympathique. 

Le jour dit, à l'heure dite, on se présente (sauf Marie, indisposée par une maladie typique du coin). Il y a quelques semaines, invité à l'ambassade d'Algérie, j'avais couru tout Niamey pour trouver une veste. Invité à l'ambassade de France aujourd'hui, je ne me suis pas donné la peine et je mets juste une chemise puisque c'est à la maison. L'assemblée est plus restreinte puisque les conjoints ne sont pas invités, les petits fours plus travaillés, et le discours est clairement destiné à nous valoriser ("un lycée d'excellence", "un travail remarquable", etc.) Nous attendons tous le mot "sécurité" qui ne viendra pas. Après le discours, l'ambassadeur fait le tout et discute plus ou moins longuement avec chacun, ce qui n'était pas le cas l'année dernière. Il fait son métier d'ambassadeur, on discute de tout dans une attitude non pas guindée, mais malgré tout entre gens de bonne éducation. On a parlé du ciné club du centre culturel français qu'un ami et moi se proposons d'animer, avec des thèmes comme "l'image de l'autre dans le film de science-fiction", "le film de hold-up", "le film de zombie". Je ne sais pas s'il fait semblant, mais il a l'air intéressé.

Ce qui fait que maintenant, je peux sortir des phrases du genre : "l'autre jour, je discutais zombie avec l'ambassadeur…" La classe, non ?

mercredi 19 octobre 2011

La night


Voilà un bar qui ne ressemble
 pas du tout à ceux qu’on a ici.

À Château 1 s’est ouvert il y a peu un bar restaurant qui s’appelle « Le Maestro ». C’est un endroit qui se veut d’un certain standing et qui ne rentrarait pas dans la catégorie des maquis. Le maquis sert à boire dans une cour à ciel ouvert, quelquefois des brochettes avec des frites, on peut y entendre de la musique plus ou moins forte, on peut y regarder la télé tout en écoutant la musique trop forte, enfin disons que c’est le pendant du bar PMU chez nous.
Le Maestro n’est pas à ciel ouvert, c’est un endroit fermé. Il a une enseigne lumineuse, et deux gardiens à l’entrée qui font office de videurs afin de préserver le standing du lieu. On ne peut par exemple pas entrer chaussé de tapettes (on appelle ici « tapettes » les tongs, celles qu’on appelait il n’y a pas si longtemps des claquettes, nom qui a quasi disparu aujourd’hui pour une raison inexpliquée. Moi, si on m’avait demandé, j’aurais hésité aussi à appeler ça les « frottettes » étant donné le nombre de gens qui marchent sans lever les pieds.)
Justement, ce soir-là, Mamane, guide nigérien de son état veut entrer au Maestro. Chaussé de tapettes, on l’arrête. Mais les gardiens ne mettent pas longtemps à voir que Mamane n’est pas seul, il est accompagné d’un groupe de touristes (des blancs) chaussés eux aussi de tapettes.
Voilà les gardiens bien embêtés et devant un dilemme cornélien : soit ils refusent l’entrée à des blancs, ce serait la première fois et l’un des deux ne peut s’y résoudre, soit ils laissent rentrer tout le monde en tapettes, y compris Mamane, et cela l’autre gardien ne peut l’accepter (quelque chose me dit que c’est surtout Mamane en tapettes qui les gênaient). Ils palabrent pendant quelques minutes en zharma, chacun faisant valoir ses arguments « Attends, on ne peut quand même pas refuser l’entrée à des blancs, ce sont eux après tout qui consomment » , «  oui mais des tapettes, ça n’est pas possible, la règle c’est la règle ! » Mamane a attendu ces quelques minutes, jusqu’à leur dire que pour boire un verre, ils iraient autre part.
Ça me rappelle les boîtes de nuit françaises.

dimanche 9 octobre 2011

journal, journaux


Voilà un kiosque qui ne ressemble pas du tout
au kiosque qu'on a ici

Quand je suis revenu cet été, je me suis jeté comme un lion affamé sur les journaux. En prévision de mes trajets, j’ai acheté trois journaux et cinq magazines histoire de combler le manque de l’année. Manque, d’abord parce que je n’ai pas de trajets en train ici, pour cause d’absence de trains (je lis les journaux quasi exclusivement dans le train, ou aux toilettes). Alors, je lis les quotidiens sur internet. Mais ça ne remplace pas le papier.
À Château 1, il y a un kiosque qui vend une dizaine de journaux, et il y a le Canard enchaîné pas trop vieux, et son pendant nigérien, le Canard déchainé. J’en profite pour acheter quelque journaux nigériens, qui coûtent 300 FCFA, pour 8 à 16 pages. Il faut savoir que la liberté de la presse est assez grande ici. Je ne sais plus qui me disait qu’il y a peu, un journaliste s’était lâché sur je ne sais plus quel homme politique. Il s’est fait arrêter, mais il n’a pas fallu longtemps pour qu’il se fasse libérer avec les excuses du Premier Ministre. Je n’ai pas eu la confirmation de la véracité de cette anecdote, mais ça correspond en tout cas à l’impression que j’ai en lisant la presse : les articles peuvent critiquer les autorités.
Il est clair cependant que ce n’est pas comme chez nous. J’ai par exemple vu l’année dernière en Une le discours intégral du chef de l’état avec une photo en grand uniforme, ce que même le Figaro, je pense, ne ferait pas. Le style est également très différent, il est très cérémonieux, et on ne dit pas « Issoufou » comme nous on dirait « Sarkozy », on dit « Son excellence le chef de l’État Mahamadou Issoufou », on fait des tournures de phrases parfois alambiquées, parfois même suffisamment complexes pour qu’on cherche le sujet. Les thèmes traités sont également différents : nous avons droit à de longs compte-rendus de réunions de comité pour le droits des femmes, l’accès à l’énergie, la justice avec une photo de gens alignés comme à la parade derrière des tables (ils font des discours).
La prochaine fois, je vous parlerai de ces longs compte-rendus, mais à la télé.

dimanche 25 septembre 2011

Un peu de géopolitique


Ce n'est pas moi qui l'ai prise, on n'a pas le droit d'y aller,
c'est nefertary.unblog.fr

Cette rentrée, riches en événements hexagonaux (le Sénat va-t-il passer à gauche ? Le Centre va-t-il avoir un ou douze candidats ?), on peut se pencher sur l’actualité locale, qui n’est pas mal non plus.
Je fais un petit « Préviously, in Sahara… »

Le Sahara n’est pas du tout vide, comme on le croit parfois. C’est est un haut lieu de trafics en tout genre. Les caravanes existent encore et transportent toutes sortes de denrées légales et illégales, surtout illégales.

La rébellion touareg : pendant de nombreuses années, une guerre se déroulait entre rebelles touareg du MNJ qui demandaient une reconnaissance (et une part du gâteau) et le pouvoir nigérien, qui les considéraient comme des trafiquants armés, avec une répression violente. On accusait en son temps également Khadafi de les soutenir, et donc de les armer. Les Touaregs avaient la maîtrise du terrain, vivant dans une zone aride à cheval sur l’Algérie, le Libye, Le Niger et le Mali.
En 2009, une médiation internationale met fin à la rébellion touareg, les combattant du MNJ sont démobilisés, ils seraient 4000 d’après le mouvement.*

AQMI : parallèlement à cela, se développent deux Katiba, deux groupes de combattants islamiques, se revendiquant d’Al Qaeda. Celles-ci seraient formées d’officiers algériens et de jeunes soldats de toutes les nationalités. Leur mission est d’organiser des attentats dans des pays-cibles comme la France, la Grande Bretagne ou tout autre pays représentant un tant soit peu l’Occident. Eux aussi trafiquent : les cigarettes, les armes, la drogue pendant un temps, jusqu'à ce Abou Zeid, le chef d’une des deux Katiba, prenne ce prétexte pour affaiblir son homologue de l’autre Katiba, Moktar ben Moktar. La drogue, ce n’est pas hallal.
Ils trafiquent également les otages, c’est très lucratif. Cinq Français, un Togolais et un Malgache à Arlit, une tentative avec deux autres otages à Niamey. Suite à la prise d’otages d’Arlit, le MNJ de l’ex rébellion touareg a proposé son concours pour sécuriser la zone. On ne sait pas bien quelle est la porosité entre les Katiba et le ex-combattants du MNJ. La crainte est qu’ils agissent comme des mercenaires. L’armée nigérienne a décidé de faire le travail sans eux : c’est devenu une zone militaire, on surveille les déplacements. C’est difficile, c’est très grand, et le Niger a tout un tas de problèmes à côté, dont celui d’être pauvre.

La Rébellion libyenne : afin de simplifier la situation, c’est la rébellion lybienne qui se rebelle. Les Français et les Anglais les aident, apportent un appui militaire et un armement. D’autres stocks d’armes sont découverts, ça fait tout un stock qu’il va bien falloir écouler. Ouf, on a des gens qui s’y connaissent dans le Sahara, c’est un débouché naturel. Des armes légères, des lourdes, des grenades et toutes ces fantastiques machines modernes sont envoyées dans le désert vers ceux qui voudront bien les acheter.

Khadafi : et puis Khadafi disparaît, on ne sait pas où il est. On sait où est un de ses fils, Saadi, ex-footballeur, il est réfugié au Niger. En effet,  le Niger a accepté de recevoir les ex-Khadafistes.
Ça ne se passe pas super bien entre le CNT et le Niger. Il faut savoir que Khadafi a aidé l’Afrique noire pendant de nombreuses années. Par exemple, quand on va acheter des plantes sur la corniche Yantala, il y a un grand panneau « cette corniche a été construite grâce au Guide lybien ». Il y avait des liens économiques étroits entre Khadafi et le Niger. C’est sans doute pourquoi le CNT des rebelles lybiens accuse le Niger d’avoir soutenu Khadafi, et lui reproche de conserver des biens matériels de Khadafi.
On a entendu parler il y a peu d’un convoi de 200 voitures qui ont traversé la frontière Lybie-Niger. Toutes les spéculations sont faites pour savoir dans quelle voiture était Khadafi. Imaginons qu’il soit passé dans le Sahara, dont la situation n’avait pas besoin de ça pour se compliquer un peu plus.

Khadafi et AQMI : ces deux-là ne sont pas copains. Depuis les années 2000 et la guerre contre le terrorisme, Khadafi, en mal de reconnaissance internationale, a combattu assez durement les Alqaedistes qui étaient sur son sol, et ne leur a pas fait de cadeaux. Cependant, Khadafi et AQMI ont des ennemis communs : les Français et les Anglais.

Khadafi et les autorités nigériennes (et maliennes) : c’est plus compliqué. Khadafi a aidé le Niger et le Mali pendant longtemps. Le Niger a reconnu le CNT, mais pas encore le Mali. Ce qui est sûr, c’est que ça déstabilise fortement la région, qui déjà n’était pas stable. Ajoutons à cela une saison des pluies mauvaise, et des petites récoltes.

Ça fait beaucoup pour une région désertique.


* http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/09/22/97001-20100922FILWWW00672-niger-l-ex-rebellion-touareg-s-exprime.php

dimanche 18 septembre 2011

Dans la peau d’un blanc

C'est mon réparateur de vélo, carrefour
Maurice Delens. Il ne parle pas beaucoup
et pas très bien, mais il est gentil.
Je me faisais la réflexion il y a quelques temps qu’ici ce n’est pas très métissé. Quand vous vous baladez dans les rues en France, vous croisez toutes sortes de couleurs, du type africain au type suédois, en passant par le type pakistanais et chinois. Pour la majorité des gens, je pense, on ne réagit pas en termes de couleurs mais en termes de classes. On catalogue les gens dans des cases « classes populaires », ou « bonne famille » ou je ne sais quoi. La couleur de peau ne nous indique pas la nationalité.
 Ici, on est “le blanc”, l’anasaara. Blanc, on ne peut pas être nigérien, c’est impossible. Je connais quelqu’un, une blanche, qui a la nationalité franco-nigérienne. Elle m’a dit que quand elle va voter, c’est la croix et la bannière, les mecs rigolent et ne veulent pas croire qu’elle est nigérienne. Très souvent, on est interpellé : « hé, le blanc », « hé, anasaara ». Notre couleur a réellement une importance, qu’on le veuille ou non on porte sur nous notre statut social élevé. Les blancs qui viennent ici sont des gens plutôt aisés et éduqués. Les seuls blancs qui sont ici sont riches, et c’est vrai comparé au statut moyen ici. De plus, ces blancs ne font souvent que passer un an, deux ans, trois ans. En France, nous gommons les différences de couleur de peau, une remarque à ce sujet peut être mal prise, il ne nous viendrait pas à l’idée d’interpeller quelqu’un en disant : « hé, le noir ! ». Ici, tu es le blanc, c’est comme ça qu’on t’appelle, peut importe que tu sois instit, militaire, commercial, curé. 

samedi 3 septembre 2011

bonnes résolutions de rentrée, dont celle d'écrire plus


Nous voilà revenus au bercail après, contre toute attente, un voyage tranquille.
Mes vacances avaient commencé par un morceau de chèvre accompagné d’un verre de vin, et se sont terminés exactement de la même façon. Entre les deux ? Une litanie de fromages et desserts, après des apéros longs et copieux.
Le résultat est que j’ai maintenant une ceinture abdominale que je qualifierais de peu esthétique. J’ai plaisir à croire que dans un passé pas si lointain, mon ventre était plat et musclé, bien que les photos diverses me disent clairement le contraire. Je trouve cependant commode de mettre cet amas de chair flasque sur les ravages de la trentaine plutôt que sur mon manque de volonté face à la tentation et face à l’effort.
Un nigérien nous disait l’autre jour que nous n’étions vraiment pas comme eux. Quand ils grossissent, ils trouvent ça bien, ça veut dire qu’ils peuvent se le permettre. Nous, il faut qu’on arrête de manger, qu’on fasse du sport pour maigrir le plus rapidement possible. Manifestement, il ignore tout du régime Dunkan.
Il faut maintenant que je trouve des solutions pour résoudre ce problème de blanc : perdre des kilos. J’envisage les choses comme un guerre qui se mènerait sur plusieurs fronts : manger moins et faire plus de sport, ce qui est la base d’un régime me direz-vous.
Le manger :
- Arrêter le fromage. C’est une des points phares de mes résolutions de rentrée. Le gros avantage, c’est que c’est assez facile de mettre cette solution en place parce qu’on se lasse assez vite de la vache qui rit.
- Boire moins de bière. Là, c’est plus difficile, étant donné que quand il fait 35°, la petite bière est quand même bienvenue. Ma solution : attendre qu’on m’en propose. (Oui, bon, ça n’a l’air de rien dit comme ça, mais ce n’est pas si facile.) Attention, il est interdit de suggérer habilement l’idée d’une bière, c’est se disqualifier immédiatement.
- Manger sainement. Je mets le riz-sauce dans la nourriture saine.

Le sport, question épineuse s’il en est :
- Moi, mon truc, c’est courir. Mais de la même manière qu’il est impossible de refuser une bière quand il fait chaud, il est impossible de courir sérieusement quand il fait chaud. J’avais rencontré l’année dernière un Nigerian qui organisait un footing chaque mercredi matin, avant qu’il fasse chaud. Le problème est que je vais commencer à travailler à 7h30, et je vois mal comment je vais pouvoir caser un footing avant, à moins de courir à 6h00 (argh !). L’autre solution est de courir sur un tapis, il y a une salle de sport pas trop loin de la maison. Mais outre le fait qu’ils aient peint une sportive à tête de zombie sur leur mur (cf. photo), courir dans une salle ne m’enchante guère, sans que je sache si je doive mettre cela sur le compte d’une légitime attente ou d’une fainéantise crasse.
- Le rugby. Il y a plusieurs équipes de rugby, et je connais quelqu’un qui pourrait me rencarder. Le problème est que j’ai déjà pris un verre avec un des rugbymen, et son avant-bras était aussi gros que ma cuisse. J’ai également passé une soirée avec un type qui avait joué l’après-midi même et dont la femme, infirmière de son état, lui avait mis un strap sur la plaie de son front, mais n’avait rien pu faire pour la lèvre gonflée.
- Le volley. Facile et pas cher. Le problème est que ça se passe au lycée, et que j’y passe déjà un temps fou, sans compter que je n’aime pas tellement le volley.
- Le kayak. Va pour le kayak, mais il va falloir être rigoureux. Ça commence mal, la sortie prévue dimanche a été annulée pour cause d’apéro de travail, où malgré tout j’espère qu’on va me proposer une bière.

lundi 17 janvier 2011

ça roule !


À Niamey, nous nous déplaçons à vélo, même si la conduite générale ici est anarchique. À un carrefour, on peut voir des feux qui marchent, et d’autres qui ne marchent pas. S’ils marchent, ce n’est pas sûr qu’ils soient très bien respectés, à moins qu’il y ait des policiers qui eux, sont très respectés. Toujours est-ils que il faut oublier les règles habituelles du code de la route et se faire à cette règle beaucoup plus simple : le plus gros a raison, le camion l’emporte sur la voiture, qui l’emporte sur le vélo, qui l’emporte sur le piéton. Le policier et le militaire l’emportent sur tout le monde. Point de règles qui compliquent la vie comme la priorité à droite : c’est la voiture sur l’artère la plus importante qui a la priorité, cela étant laissé à l’appréciation des conducteurs. Bien sûr, cela peut prêter à confusion en cas de différence d’appréciation, mais en cas de problème, je veux dire par là si deux voitures s’engagent en même temps dans le carrefour, la solution est simple : on klaxonne.
Bien sûr, il y a des accidents, parfois dû à l’absence totale de rétroviseurs sur la voiture. Qu’à cela ne tienne, on emporte les blessés et on laisse les véhicules exactement à l’endroit de l’accident afin que la police puisse faire les constations. La vitesse d’arrivée de la police dépend de beaucoup de choses, mais il en est une principale, c’est l’essence. La première chose que doit faire la police une fois qu’on l’a appelée, c’est trouver de l’essence pour mettre dans le réservoir afin qu’ils se déplacent sur les lieux. Ça peut donner lieu à des situations cocasses : un camion accidenté en plein milieu d’un carrefour très dangereux (les feux ne marchent pas) a paradoxalement sécurisé la circulation. Le camion ne laissait le passage que pour une voiture, ce qui fait que tout le monde ralentissait, et mêmes nous, en vélo, pouvions passer en sifflotant. Puis la police est passée, elle a retiré le camion, et le carrefour est redevenu dangereux comme avant.
La nuit, c’est encore plus compliqué parce que l’éclairage public est un peu défaillant : parfois ça marche, parfois non. En plus, les mêmes voitures qui n’ont pas de rétroviseurs n’ont pas forcément non plus de phares. Et c’est pareil pour les motos (je ne parle même pas des vélos). De plus, les gens dehors sont nombreux, et évidemment peuvent traverser la route. Je n’ai jamais conduit la nuit ici, mais un de mes amis a résumé la situation ainsi : “tu te retrouves avec juste tes phares pour t'éclairer, et il y a des gens partout". C’est un peu stressant si tu n’aimes pas tuer des gens avec ta voiture.
Devant le danger de la conduite de nuit, j’ai pris des résolutions fermes. Je me suis fait envoyer par mon père des lampes qui marchent avec des aimants. Vous fixez la lampe sur le cadre, les aimants sur les rayons de la roue, et ça clignote dès que vous roulez sans que vous ayez besoin de mettre des piles. C’est assez cher (une cinquantaine d’euros), mais la sécurité est à ce prix. Je les fixais dimanche sur le vélo de Marie, et le gardien de la maison, intrigué, est venu observer le système. Il m’a demandé si c’était cher. J’ai failli lui donner le prix mais me suis ravisé en notant que le prix des lampes équivalait presque à son salaire, alors même qu’il est payé normalement. J’ai eu quand même un peu honte.
Nous pourrions donc maintenant circuler la nuit en vélo, on est visibles. Dommage que ce ne soit plus possible à cause des barbus.

mardi 11 janvier 2011

rouge orange


Eh bien bonne année quand même. Ça démarre pas super fort, mais on va faire avec.
"Les régions formellement déconseillées sont indiquées en rouge. Les régions déconseillées sauf raisons impérieuses sont indiquées en orange." Engagez-vous, qu'y disaient.