Deuxième séjour à Niamey. La première fois, j'avais été malade.

vendredi 12 octobre 2007

Frisör


Je ne sais pas vous, mais j'ai de gros problèmes de communication avec les coiffeurs. J'ai beau bien préparer mon texte décrivant soigneusement la coiffure désirée, choisir les mots avec le plus grand soin, l'apprendre par coeur, rien n'y fait. Une fois assis dans le fauteuil moelleux devant la glace, je débite sans faute l'explication préparée, et je vois bien à l'œil vide de la coiffeuse qu'elle n'a absolument rien compris de ce que je viens de lui dire, elle fait le même œil que mes lycéens suédois quand je leur parle. À ce moment-là, généralement, soit la coiffeuse est patiente et essaie de reformuler mon texte si joliment tourné pourtant, ou alors elle s'énerve franchement. La dernière fois, j'ai cru y laisser ma vie, j'étais à deux doigts de me lever et de partir en courant quand j'ai vu qu'elle était furax de passer un quart d'heure à discuter de la quintessence de ma coupe de cheveux, et qu'elle cherchait l'objet le plus proche et le plus contondant, à savoir un sèche-cheveux. Alors évidemment, à la fin, il ne faut pas s'attendre à avoir une coupe aussi belle que celle d'Elton John, j'en ai pris mon parti.
C'est pourquoi j'appréhendais la rencontre avec un coiffeur suédois. Je repoussais sans cesse avec des prétextes fallacieux le moment fatidique, mais j'ai dû me résigner quand je me suis aperçu que je venais de faire le même tic que lorsque j'étais adolescent, celui qui énervait tant ma mère, ce tic qui consiste à avancer la lèvre inférieure et souffler un bon coup en direction du front, ce qui permet de pousser la mèche qui est juste devant les yeux. La mort dans l'âme, j'ai choisi un coiffeur au hasard, et j'ai pris rendez-vous.
Je n'ai même pas appris une liste de vocabulaire, même pas préparé mon texte, même pas révisé le conditionnel et les modaux, un peu comme si je savais que de toutes façons j'en ressortirai ridiculisé. Eh bien figurez-vous que contre toute attente c'est la plus fantastique coiffure que j'ai jamais eue (NB : modérons nos propos, je ne parle que d'une coupe tout ce qu'il y a de plus classique, courte mais pas trop et dégagée sur les oreilles.) Comment cela se fait-ce ? Le coiffeur suédois, d'une amabilité toute suédoise, ne s'est pas énervé. Il a écouté patiemment mon laïus en anglais, puis m'a posé quelques questions : un peu moins long ? Plus dégagé ? Quel temps a t-il fait cet été en France ? Il m'a conseillé comme un vrai professionnel, et je suis ressorti le sourire aux lèvres, la dent brillante et du gel dans les cheveux.
J'ai également une autre explication de cette réussite prouvant la supériorité du coiffeur suédois sur le coiffeur français. En France, je cherche à préciser au maximum, grâce à des images subtilement choisies, du genre "imaginez-moi courant sur la lande déserte, le vent dans les cheveux, éventuellement nu", alors qu'ici, à cause de mon niveau d'anglais, je suis allé au plus simple : sujet-verbe-complément, OK ? Pas de métaphore, pas de poésie, du fon-ctio-nnel.
Pour ceux qui sont intéressés, c'est à côté du Drottningtorget, la rue qui monte, et je vous mets une photo pour que vous le reconnaissiez. C'est cher mais la qualité suédoise est à ce prix.

3 commentaires:

louline a dit…

t'as pas été chez l'entraineur de Laure Manaudou? C'est dommage, il est sympa.

Caroline a dit…

Pareil pour moi -> "The same haircut, shorter !" On va au plus simple - du concis !

Sinon, c'est vrai qu'il a une coupe de cheveux qui déchire Elton !!

Biz

cosmomarie a dit…

Enfin, pascal... ça ne se fait plus depuis AU MOINS 6-7 mois, de souffler sur la fameuse mèche qui est là... juste entre tes yeux et ce que tu essaies de voir. Désormais, le must-have, c'est la petite barette qui maintient cette rebelle sur le coté!
Petite leçon de style, obligatoire pour rester dans le coup... Sinon, tu vas revenir avec un look viking/turc!Et ça ne va pas du tout!