Beaucoup m'ont demandé "et l'anglais, ça va ?" Euh oui, l'anglais ça va. Je ne parlerai pas tout de suite du suédois, parce que je ne saurais vraiment pas quoi répondre à "Et le suédois, ça va ?"
Pour être honnête, le premier jour, je me suis retrouvé face à une coordinatrice d'université débordée qui expliquait tout à la vitesse d'une mitraillette. Ce fut l'heure où on regrette d'avoir manqué l'école, et plus particulièrement les cours de langues. Au début, tu fronces les sourcils, tu réactives ces neurones un peu poussiéreux que tu as remisés au fin fond de ton cerveau, tu les époussettes, tu te dis "oh mais ça peut encore servir ça, ils sont presque neufs !" Presque neufs peut-être, mais pas très musclés. Accroché à un radeau à la dérive, j'ai quand même saisi quelques mots tels que "clés", "formulaire", "cours" et autres joyeusetés. Pas de quoi faire une vraie conversation, mais au moins j'avais compris que ça, oui, c'était mon lit, que je pouvais me détendre et arrêter de transpirer d'angoisse parce que j'étais en sécurité ici.
Scientifiquement, c'est extrêmement intéressant d'observer les changements mentaux qui s'opèrent. Je me suis pris comme objet d'étude parce que je n'avais que ça sous la main, et que c'était le spécimen le plus pratique à étudier.
Peu à peu, s'est développée une excroissance dans mon cerveau, excroissance que je ne contrôle absolument pas, et excroissance qui tient absolument à traduire toutes les pensées qui me passent par la tête. Je m'explique : je suis dans ma chambre, et je la compare avec celles des copains : "Tiens, pourquoi j'ai pas le droit d'avoir des étagères dans ma chambre, moi ?" - hop traduction simultanée : "well, why i haven't the right to have...... mince comment qu'on dit 'étagères' déjà..." Ça n'a l'air de rien mais à la longue, c'est épuisant, d'autant plus que je buggue chaque fois que le mot me manque. Si mon cerveau ne trouve pas la traduction, il s'arrête de fonctionner normalement et continue à chercher ad libidum, et il faut rebooter manuellement. Or j'ai deux handicaps :
- celui d'avoir un gouffre, que dis-je un précipice d'ignorance vocabulairesque, malgré le visionnage assidu de "Lost" et autres "Prison Break" (ce que j'en ai malheureusement retenu, c'est des phrases du style "What's wrong with you, Jack ?" et ce n'est pas facile à caser dans la conversation.)
- avoir une mémoire de poisson rouge pour les langues étrangères. Ça ne date pas d'hier, ça a commencé en même temps dès l'apprentissage de l'allemand en 6eme (Montag, Dienstag et après j'ai tout oublié, 12 ans d'efforts pour ce résultat, c'est à pleurer.)
Autant dire que je n'ai pas défroncé les sourcils pendant 2 semaines, je parlais tout seul dans la rue, mais maintenant ça va mieux, je réussis à contrôler un peu plus la machine et malgré tout il y a quand même un peu de vocabulaire qui arrive à passer entre les barbelés de protection mentale.
Quant à la conversation, je vous dirai ce qu'il en est un peu plus tard...
Deuxième séjour à Niamey. La première fois, j'avais été malade.
jeudi 4 octobre 2007
Métacognition
à 20:48
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6 commentaires:
hello pascal...!
Your blog is very funny... ! I understand your lonelyness, i will be like you. Of course, i began german like you... It's despair... !
(Thanks to wordreference.com)
Best regards,
Bye
Your sister
ich bin d'accord mit die schwester.
Continue à alimenter le blog, c'est un régal (n'oublie pas les photos : l'islandais, la chambre, la boulangerie, le thermomètre...).
Bises
PS : allez Claire, au boulot
Trés sympa ce voyage dans les méandres de l'intellect!!Je crois que tu n'aurais pas pu trouver de mots plus justes pour décrire l'état d'esprit de "l'étranger" qui débarque!!!
Vivement le prochain post!
Il faut dire que les cours de Duchange n'etaient pas des plus interessants!! T'aurais aussi, je pense, eu l'air d'un con si comme seul réponse tu avais eu les chansons de Simon and Garfunkel.
Good Luck
Clo
Yes, now I know the "titeul" of your book !
Actually, the sentence "What's wrong with you, Jack ?" is very useful ; you change the name and you have : "What's wrong with you, Ozan ? Why do you want to push me into the sea ?" :D
As you are my friend, I'm going to teach you another sentence that you can use all the time : "Yes Caro, you're right !"
Bye
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