Deuxième séjour à Niamey. La première fois, j'avais été malade.

vendredi 11 avril 2008

l'homme sauvage qui est en moi


Je suis allé passer quelques jours dans un endroit bucolique, paradis des chasseurs, des hommes des bois et des gens qui montent à cheval, à savoir la Sologne. Je ne sais pas bien pourquoi j’y suis allé sachant que je ne chasse pas, je ne sais ni trouver mon chemin ni faire un feu dans les bois, et le seul cheval que j’ai approché auparavant s’est avéré, après discussion avec son maître, être un âne. Je n’avais donc aucune raison de situer la Sologne sur la carte, et encore moins d’y aller. Aventurier de nature, je suis quand même monté dans la voiture avec ma dulcinée qui elle sait monter, chasser et faire du feu avec du bois humide sans briquet, le tout habillée de peaux de bêtes.
Trois jours plus tard, voici que j’envisage d’être cow-boy. La psychologie d’un cheval ou d’un poney n’a plus de secret pour moi, et vas-y que je te brosse le cheval avec le truc américain, et après avec le cure-sabot, et vas-y que je te grimpe dessus sans même tomber de l’autre côté, yahouu on va attraper les vaches au lasso. Il faut dire que j’ai eu des cours particuliers assez pointus, à la pointe de la recherche pédagogique, qui consistent à te dire « redresse-toi ! », « serre tes jambes ! », ça tu comprends vite, mais aussi des phrases du style « range ton riquiqui ! » (hein ? quoi ?), « tarte tes jambes ! » (de quoi ?), « remonte sur tes rênes ! » (comment on fait ça ?) ou « mais qui c’est qui m’a foutu un couillon pareil ? » Puis, on a jugé que ce quart d’heure de leçon était suffisant pour aller affronter la nature, d’autant plus que les personnes qui m’accompagnaient (quinze ans de cheval chacune) piaffaient d’impatience. Je passe sur les sueurs froides qui, malgré mes nerfs d’acier, m’ont traversées durant toute la promenade, je m’attendais à chaque instant à ce que mon cheval s’emballe. En fait, il ne s’est pas emballé, mais il a en revanche décidé à un moment de sauter un obstacle sans passer par la procédure de concertation préalable, à savoir me demander. Alors en signe de protestation, j’ai décidé de le quitter en pleine course et le laisser passer l’obstacle seul. Une fois relevé, je l’ai quand même toisé pour bien montrer qui était le patron en essayant de ne pas trop grimacer de douleur.
À la seconde leçon, on m’a dit « oui oui, tu montes très bien, mais on va t’en donner un plus petit, ce sera mieux. », je ne sais si c’était mieux pour moi ou pour le cheval, et c’est dignement que je suis monté sur le poney. Cette leçon était prévue pour apprendre le galop, la monitrice s’est donc munie d’un fouet. La démarche pédagogique avait changé : c’était avec le fouet je lance le cheval au galop on va bien voir combien de temps tu vas tenir. C’est un peu comme le rodéo, sauf que les spectateurs se foutent de toi et qu’au lieu du sable de la piste, c’est de la boue. Toujours est-il que j’ai quand même tenu un quart d’heure, fier et digne sur un cheval en furie, euh non un poney en furie. Je vous mets même une photo pour le prouver.
(On m’a dit ensuite que normalement, le galop ne s’apprenait pas à le deuxième leçon, je pense que c’est parce qu’on a reconnu mes qualités naturelles de cavalier, ou alors c’est juste parce le sol était particulièrement boueux et les spectateurs moqueurs).
La prochaine fois j’apprends à tuer un sanglier à mains nues, ma dulcinée me l’a promis.

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