C’est marrant de voir comment les mots évoluent. Il y a quelques temps, je me baladais avec des écouteurs dans les oreilles. Quelques gamins croisés m’ont dit « oh regardez, il a un baladeur ! », c’est à ce moment précis que m’est apparu la victoire sans partage du mot baladeur. Je me souviens, il n’y a pas si longtemps, si on voulait écouter de la musique dans la rue, on mettait une cassette dans son walkman et hop ! c’était parti, on était superbranché dans la rue avec notre pantalon superserré (c’était l’époque punk si je me souviens bien). Les défenseurs de la langue française* se sont insurgés et ont proposé un autre mot : baladeur. Échec complet, tout le monde s’est obstiné à utiliser walkman, on ne peut aller contre la volonté du peuple. Et voilà t-y pas que 15 ou 20 ans après, le baladeur est remonté du diable-vauvert alors que plus personne n’y croyait, il a donné un bon crochet du droit au menton, un coup de pied renversé à ce pauvre walkman, et l’affaire a été réglée. Ce que je ne sais pas, c’est pourquoi il a ramené avec lui le jean superserré qui lui aurait très bien rester dans les oubliettes de l’histoire, il y était très bien.
Une autre dossier à mettre à l’ordre du jour de la prochaine réunion du club des défenseurs de la langue française, c’est le verbe cleaner. Je me demande ce qui a bien pu passer par la tête du type qui l’a inventé, celui-là. On avait le verbe nettoyer, qui n’était pas mal, qui exprimait bien l’idée de nettoyer justement. Eh bien non, il y a un type qui a voulu être plus-branché-que-moi-tu-meurs, qui s’est dit que c’était difficile d’être mode (j’ai failli écrire fashion), et que nettoyer ça ne faisait pas assez classe, alors il a inventé un néologisme qui ne sert strictement à rien. Je n’invente pas, j’ai entendu plusieurs personnes l’utiliser, et pas forcément des personnes qui se connaissent et qui habitent au même endroit. Ça me rappelle une liste que Léandri a faite dans un tome de son encyclopédie du dérisoire. C’est une listes des mots anglais utilisés en français, mais qui n’existent pas en anglais. Tennisman n’existe pas, c’est tennisplayer. Parking non plus, c’est car park. Camping non plus, c’est je ne sais plus quoi. Enfin bon allez voir, c’est rigolo.
Je finirai par une remarque que je me suis faite dernièrement. Avant, les chaussures de sport étaient appelées tennis, à cause de la popularité du sport du même nom, j’imagine. Et puis, progressivement, on les a appelé basket, pour des raisons que vous chercherez tous seuls. Aucun des deux n’a gagné à ce jour, il me semble. Attendons le moment où le golf s’y mettra.
* Je ne sais pas pourquoi, je m’imagine toujours les « défenseurs de la langue française » comme des vieilles badernes, serrés dans des costumes noirs, voire des uniformes, qui se lamentent sur leurs valeurs morales qui partent à vau-l’eau. Le plus étrange est que je ne trouve pas ce combat inutile, voilà que je me transforme en vieille baderne.
Deuxième séjour à Niamey. La première fois, j'avais été malade.
lundi 23 février 2009
mot à mot
à 12:15
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2 commentaires:
je te soutiens à 100% (se prononce hundrède pèrcennte) brozeur.
Tu utilises des mots inconnus pour bcp d'entre nous... comme baderne ou vau-l'eau... mais tu ne connais pas le nom anglais pour camping?? Tu ne vis pas à la même époque que nous ou quoi??
Je crois que c'est camping-side...
Qu'ils sont coincés, ces profs des écoles à s'attacher au moindre détail !!
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