Deuxième séjour à Niamey. La première fois, j'avais été malade.

mardi 5 octobre 2010

Marcel


On a un magnifique lapin couleur sable, dans une cage posée dans le jardin.

Ce lapin avait été gagné par Seïdou, un gardien, lors d’une soirée organisé par le lycée ; il avait trouvé le poids exact de l’animal, et Marie qui était à 50 g près n’avait rien eu du tout. Deux jours après, en papotant avec Seïdou, j’ai appris que ce lapin l’encombrait plus qu’autre chose : ce lapin faisait peur à ses enfants, lui et sa famille ne mangent pas de lapin, et il avait peur qu’il se fasse emporter par un chien qui traîne. Il m’a proposé de le racheter, ce qu’on a fait pour 3 000 f CFA (soit 30 francs, soit je vous laisse calculer en euros). Nous avons acheté une cage, nous l’avons baptisé Marcel en hommage à Marcel Cerdan grâce à sa capacité à donner de la patte quand on attrape sa carotte. On avait pensé à Mohamed Ali, mais nous avons eu peur que des musulmans prennent mal qu’on appelle un lapin Mohamed, n’oublions pas qu’il y en a des pas sympathiques dans le coin.

Marie l’a ramené de la maison, à pied, enfermé dans un carton. Mais Marcel est un lapin plein d’énergie et ivre de liberté. Le carton a commencé à donner des signes de faiblesse jusqu’à ce qu’un passant propose d’aider Marie en la prenant dans sa voiture pour quatre fois le prix d’une course en taxi. Elle a décliné l’offre et a continué son chemin sous le cagnard (il était une heure, et physiquement ça commençait à être dur). Quelques mètres après, deux hommes assis là ont vu qu’elle était en peine. Ils l’ont fait asseoir sous un arbre, lui ont donné de l’eau (ils sont un peu dingues, ces blancs) et se sont démenés pour trouver un carton plus petit et plus solide, qu’elle puisse continuer son chemin.

Le lapin est dans sa cage maintenant. C’est une cage achetée au bord de la route, après d’âpres négociations, d’une demi-heure au moins, où le prix a été abaissé de deux tiers. Le plus difficile, dans la négociation, c’est de savoir combien coûte ce que tu veux acheter. Parfois, tu n’en as aucune idée : combien ça vaut une petite poubelle en plastique ? Un tire-bouchon fabriqué en Chine ? Un kilo de tomates ? Alors tu divises la prix donné au départ par deux ou par quatre.

Si le vendeur accepte le premier prix que tu donnes, c’est que tu t’es fait avoir, mais c’est trop tard, tu as donné ton prix. Si le vendeur ne bouge pas d’un iota, voire augmente son prix au fur et à mesure (ça m’est arrivé), c’est que le prix de départ était le bon prix. La règle étant que plus tu passes du temps à discuter, plus ça baisse, mais il y a des exceptions. Alors, quand tu discutes le prix, tu fais deux calculs simultanément :

- tu convertis le prix. Les francs CFA, c’est facile, tu enlèves deux zéros et tu as le prix en francs. Reste à te souvenir de tes ordres d’idées en francs, souvenirs qui ne sont pas si loin mais qu’il faut raviver quand même. Sinon, c’est la conversion obligatoire en euros, c’est-à-dire se souvenir de sa table de 7.

- tu fais un calcul temps passé / gain. Parce que si la règle est que plus tu passes du temps, plus le prix baisse, il n’est pas dit que ce prix baisse vite. Est-il vraiment nécessaire de passer une demi-heure à gagner 200 f CFA, soit 2 francs si vous avez bien suivi, soit 30 centimes d’euros ? Est-ce que ça vaut le coup de faire une étude de marché en faisant le tour des vendeurs d’un bout à l’autre de la ville pour gagner 1000 f CFA ?

Ce qui est sûr c’est qu’au final tu ne sauras pas si tu as payé un bon prix ou si tu t’es fait avoir comme un bon gros benêt.

2 commentaires:

Marie Salmon a dit…

Marcel et Fernande ... Bonne association ! ;o) On doit avoir un problème dans notre famille avec les prénom ancien ;o)

Biz et heureuse que ce blog reprenne !

Caroline a dit…

Ahhh les francs... A ce petit jeu, tu as un petit avantage sur Marie, non ?

Sinon, c'est certain, la table de 6,55957 n'est pas évidente à mémoriser...

Bon courage !