Deuxième séjour à Niamey. La première fois, j'avais été malade.

dimanche 24 octobre 2010

Obélix


Nous voilà à parler de l’inévitable sujet qui interpelle, voire angoisse le Français moyen à l’étranger, je veux parler de la nourriture (non, non, je n’ai pas peur des clichés). Étant moi-même un Français moyen, je pense que cette question viendrait assez vite si je rencontrais quelqu’un qui revienne d’un pays que je n’ai jamais vu : et qu’est-ce que tu mangeais là-bas ?

Étant un esprit méthodique, je vais faire une distinction entre ce que je mange dehors et ce que je mange à la maison. Car oui, voyez-vous, mon pouvoir d’achat ayant considérablement augmenté depuis que je vis au Niger, je peux me permettre de manger très régulièrement dehors.

En France, le midi, je préparais la veille mon plat à manger dans la salle des Maîtres. Ici, je marche deux cents mètres et m’arrête à ce que nous appelons la cantine : deux femmes ont préparé dans de grandes bassines du riz, du riz parfumé, de la semoule et des pâtes. On peut, et même on doit sous peine d’étouffement agrémenter cela d’une sauce à la viande. C’est très nourrissant, tellement copieux qu’on ne finit pas, très économique (quelque 500 F CFA le plat, soit 5 FF, soit 0,76 €), c’est local et c’est sympa.

Le soir, nous pouvons aller à l’autre extrémité de l’échelle des restaurants, le restaurant clâââsse. C’est climatisé, les serveurs peuvent être en costume, la carte présente des plats inattendus (du lapin en gibelotte ? Des aiguillettes de canard au roquefort ? De la lotte ?), c’est tellement classe que vous en avez un peu honte.

Entre les deux, vous avez toute la gamme, du resto chinois au resto italien, en passant par le resto sénégalais et le maquis du coin. Cependant, la très grosse majorité prépare des brochettes de bœuf avec des frites. Et la viande, ici, c’est quelque chose. C’est tendre, fondant, salé et aromatisé juste comme il faut, c’est délicieux. C’est un peu la spécialité, et malheureusement, il n’y en a pas beaucoup d’autres même si celle-ci vaut le détour.

À la maison, notre ordinaire est principalement régi par un principe : se nourrir, Marie et moi nous faisions cette réflexion il y a peu. En France, nous préparions des bons petit plats, nous testions de nouvelles choses, nous pouvions passer du temps dans la cuisine. Ici, c’est l’inverse, notre ordinaire, même s’il est équilibré ressemble plus à une prise de munitions pour passer la journée que d’un art de vivre gustatif. J’ai du mal à me l’expliquer, à vrai dire. Une début d’explication serait que quand il fait 40°, on n’a pas très envie d’essayer une choucroute ou un plat trop sophistiqué que de toutes façons on ne pourrait pas avoir. On tend plutôt vers des salades de riz, voire d’une côte de bœuf au barbecue (c’est prévu dans les prochains achats), avec un pastis en apéro parce qu’on est conditionné depuis des années comme cela : qui dit chaleur dit été, dit apéro pastis et repas d’été. L’autre raison est le manque cruel de matériel. Pas de four (notre propriétaire est prévenu depuis un mois que le four fait sauter le disjoncteur, mais pas un mouvement de sa part malgré nos appels). Impossible de trouver une casserole à un seul manche (ça, c’est un mystère, je me demande s’il existe une loi nigérienne les interdisant). Impossible également de trouver un plat à tarte. Évidemment pas d’éléctroménager électrique, nous n’avons pas encore investi.

Alors ce sera alors brochettes cuites au feu de bois, ce soir. La vie, c’est pas facile tous les jours.

Aucun commentaire: